Le grand médiéviste Michel Zink est aussi « lupiniste ». Il a lu « La nouvelle vie d’Arsène Lupin », d’Adrien Goetz.
Qu’Arsène Lupin ait aujourd’hui une nouvelle vie, qui s’en étonnera ? L’immortalité appartient à qui a su triompher de la Cagliostro. Le lecteur d’Adrien Goetz apprend donc sans surprise dès la première page de son roman qu’en 2014 Arsène Lupin a volé la façade de la cathédrale de Strasbourg sous les yeux de Paul Beautrelet, le petit-fils d’Isidore – vous savez bien, le lycéen qui avait cru pouvoir se mesurer à lui dans « L’aiguille creuse ». Le petit-fils : si brillant qu’il soit, un Beautrelet vit, se reproduit et meurt, comme nous tous. Seul Lupin demeure dans les siècles.
Comme il n’est pire crime que de dévoiler les rebondissements d’un roman policier, je me garde de dépasser la façade de la cathédrale de Strasbourg et d’en dire plus sur une intrigue haletante qui fait appel à une culture lupinienne profonde. Je ne crois pas qu’un seul exploit d’Arsène n’y trouve un écho. Adrien Goetz a un tempérament d’érudit. Il sait que l’enquête savante et l’enquête policière procurent le même plaisir. Historien de l’art et romancier, il offre tour à tour à ses lecteurs ce plaisir sous ses deux formes. Mais quand l’héroïne de ses romans était la charmante Pénélope, elle-même historienne de l’art, c’était trop facile : il n’avait qu’à lui prêter sa propre érudition. Cette fois, nous allons voir ce que nous allons voir : Adrien Goetz connaît tout, y compris, jusque dans le détail, l’oeuvre entier de Maurice Leblanc.
A vrai dire, la rencontre entre Goetz et Lupin était attendue. Etretat ne pouvait que les réunir. Que