Le Point

DIX RAISONS D’AIMER (ENFIN) CABREL

- THOMAS MAHLER ET ALBERT SEBAG MARINE DE TILLY

Il est le dernier Mohican du politiquem­ent correct. Entre Nelson Mandela, l’écologie, la défense de l’occitan et Jésus, « In extremis » enfonce le clou.

Au moins la moitié des douze titres de ce nouvel album sont des sommets de subtilité et de douceur bucolico-allumée. Ecoutez « A chaque amour que nous ferons », « Le pays d’à côté », « Azincourt ». Du lourd de sa race.

Il portait la moustache quand c’était ringard et l’a rasée quand les bacchantes sont devenues tendance.

Il a fait chanter « Je suis le gardien du sommeil de ses nuits » à Shakira.

Laurent Gerra, avec son extraordin­aire hommage-foutage de gueule, « La cabane au fond du jardin », a consacré définitive­ment Francis Cabrel comme superstar.

On a beaucoup moqué le romantisme prétendume­nt niais de « L’encre de tes yeux » en 1980, mais, lorsqu’on réécoute cette chanson, on ne peut que s’y résoudre : c’est un classique.

Un homme qui connaît par coeur tout Bob Dylan et ne rate pas un roman de Jean Echenoz ne peut être foncièreme­nt mauvais. Il est hors saison : 21 millions d’albums vendus, dont 800 000 pour son dernier album original, « Des roses et des orties » (2008).

S’il chantait sans accent et en anglais, cela ferait vingt ans que Les Inrocks l’aurait mis en couverture au lieu de le traiter de « chanteur agricole ». Ceux qui ne sont pas convaincus par l e s ne uf pr e mier s p o i nt s n’ o nt q u’ à écouter son duo avec Mercedes Sosa, « Yo vengo a ofrecer mi corazon ». On attend leur réaction… « In extremis » (Sony Music), sortie le 27 avril. (une trouble anecdote franque sur un beau vase brisé après la bataille de Soissons, un mariage avec la très pieuse Clotilde, une belle victoire sur les Alamans à Tolbiac au nom de la « vraie foi catholique » , la conversion et le baptême spectacula­ire de Reims qui en découlèren­t , quelques batailles entre Francs et Burgondes, et des conquêtes aux airs de croisades sur les territoire­s hérétiques ariens), et il développe la pellicule. Sa connaissan­ce du sujet est stratosphé­rique, on le sait, on le sent, mais en bon professeur il ne complexe pas l’élève. Il remet sa pendule à l’heure, lui laissant le sentiment jouissif d’avoir enfin compris, et pourquoi pas acquis, cela pour toujours « Clovis », de Laurent Theis (Biblis, 226 p., 10 €).

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