Le Point

Un horloger féru de culture

Une esthétique forte, une technicité irréprocha­ble, accentue sa différence.

- LAURENCE ALLARD

TEn dix ans, Juan-Carlos Torrès, directeur général de Vacheron Constantin, a transformé le groupe. out le monde commet l’erreur : la croix de Malte, emblème de la maison, n’a rien à voir avec l’ordre hospitalie­r. Elle fait référence à une pièce horlogère fixée sur le couvercle du barillet conçue en 1880 pour assurer aux montres une meilleure précision. Un détail ! Pas tant que cela, car la pièce illustre un des trois piliers sur lesquels est construite la manufactur­e, qui se targue d’être la plus ancienne au monde en activité continue depuis sa création, en 1755. « Pour faire mieux si possible, ce qui est toujours possible », selon la devise de son fondateur, les horlogers de Vacheron Constantin sont encouragés à élaborer les outils dont ils ont besoin. Ainsi, ils furent les premiers à concevoir le célèbre pantograph­e, un outil permettant de reproduire de façon mécanisée des composants horlogers. Ce sont également eux qui sortirent en 1955 le mouvement le plus plat du monde, d’une épaisseur de 1,64 millimètre. « Cette capacité d’innovation nous permet de développer des modèles à forte personnali­té sans avoir à faire la moindre concess i o n s ur l a quali t é . Nous s o mmes l a manufactur­e qui produit le plus de montres certifiées poinçon de Genève », commente Juan-Carlos Torrès, directeur général de Vacheron Constantin depuis dix ans. « Dans nos montres, il y a 93 % de valeur apportée par l’homme. Cela explique que nos produits aient une âme », explique cet homme du sérail entré dans le groupe il y a trente-quatre ans et qui a gravi depuis tous les échelons.

A la maîtrise technique s’ajoute la transmissi­on du savoir et la promotion des métiers d’art. Partenaire de l’Opéra de Paris – une montre reproduit le plafond peint par Chagall –, de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne, de la Fondation Cologni, la manufactur­e, propriété du groupe Richemont depuis 1996, vient de s’associer avec l’école Boulle pour une meilleure valorisati­on des expertises et un échange des compétence­s. En témoigne la sortie, à l’occasion des 260 ans de la maison, des collection­s Harmony et Savoirs enluminés. Réinterpré­tant la forme coussin d’un Pour améliorer la précision, les horlogers inventèren­t le pantograph­e, qui permet une production en plus grand nombre. chronograp­he de 1928, la première offre une constructi­on tridimensi­onnelle du boîtier. Sculptural, celui-ci associe une carrure galbée, une lunette carrée et une glace ronde tout en étant conçu de manière à pouvoir abriter des complicati­ons (tourbillon, double fuseau horaire…). La seconde reproduit fidèlement trois enluminure­s du « Bestiaire d’Aberdeen », la célèbre oeuvre du Moyen Age conservée au palais de Westminste­r.

Pour en arriver là, il aura fallu dix ans de travail acharné afin de relocalise­r l’intégralit­é de la fabricatio­n dans la manufactur­e, concevoir et développer de nouveaux calibres, conforter la forte présence depuis 1865 du groupe en Chine, renforcer la distributi­on avec l’ouverture de 52 boutiques exclusives, dont dernièreme­nt celles de Miami, São Paulo, Tokyo… et la réouvertur­e de celle de Moscou

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