Le Point

Rêve princier à Hyderabad

Au coeur de la capitale du Telangana palpite encore la culture turco-moghole qui fit sa splendeur.

- PAR CATHERINE GOLLIAU

On l’appelle Falaknuma, la « Cité céleste » en ourdou. Ce palais gris et blanc n’aurait pas déparé à SaintPéter­sbourg, mais c’est à Hyderabad qu’il se dresse, grandiose et solitaire, surplomban­t la ville. Gigantesqu­e volée d’escaliers, colonnades de style corinthien, hall décoré de paysages à la Watteau, meubles anglais, vitraux style Tudor… Sans les portraits en pied des vice-rois des Indes et des dignitaire­s du royaume, difficile d’imaginer être au coeur de l’Inde, chez feu Mir Osman Ali Khan, le dernier nizam, l’homme le plus riche de son temps. L’indépendan­ce de l’Inde lui a coûté son trône, le diamant qui lui servait de presse-papiers orne désormais la couronne d’Elisabeth II et son héritier s’est ruiné en divorces et procès.

Longtemps fermé, le Falaknuma vient d’être transformé en hôtel de luxe. Silence et raffinemen­t, loin du brouhaha de la foule immense qui s’agglutine en bas, dans les ruelles, autour des quatre minarets du Charminar et du marché aux perles. Hyderabad, si musulmane, même si les temples hindous y fleurissen­t, même si un immense bouddha trône au milieu de son lac. Du temps où elle était à la tête d’un royaume, la capitale du Telangana a conservé de remarquabl­es vestiges : le formidable fort de Golconde et les tombes délicates des anciens sultans, à quelques dizaines de kilomètres du centre-ville, mais aussi Chowmahall­a Palace, l’ancienne résidence des derniers souverains, dont la salle du trône, restaurée, affiche son délire de marbre, d’or et de stucs. A la sortie, rencontre avec la petite-fille du nizam. Elle a arrêté sa limousine pour saluer ces Européens venus visiter l’antique château familial. Elle vit à Londres, ville des altesses royales, mais dispose d’une résidence dans le parc du Falaknuma où patientent serviteurs en livrée et élégantes calèches. « Ah, vous résidez là-bas ? Je passerai vous voir ce soir. » La table de la salle à manger peut accueillir 100 convives. Ils l’ont attendue, elle n’est pas venue…

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Symbole. Le Charminar et ses quatre minarets ont été érigés en 1591, probableme­nt pour célébrer la fin d’une épidémie de peste.

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