Le Point

« L’Europe allemande »

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Le hareng de Bismarck Goûtez, je vous prie. Quand François Hollande vint lui rendre visite au bord de la Baltique, Angela Merkel avait préparé un petit cadeau pour lui ! C’était un tonnelet de « harengs Bismarck » ! On appellerai­t ça un « message sicilien » dans le film « Le parrain ». Le hareng a des arêtes qui peuvent rester en travers de la gorge. Il y a de quoi. Bismarck est l’agresseur de la France. Victorieux, il fit couronner le premier empereur des Allemands dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Ce n’est pas tout. Ce cadeau rustique fut remis au son d’une chorale avec laquelle Angela entonna un charmant lied nostalgiqu­e de la grande Poméranie. La Poméranie ! C’est un territoire à cheval sur l’Allemagne et la Pologne. Malheureus­ement, il est traversé par la fameuse ligne Oder-Neisse… Celle dont les Allemands ne voulaient pas admettre qu’elle soit leur limite à l’est. Mais la France de François Mitterrand a imposé cette frontière comme condition avant d’accepter l’unificatio­n des Allemagne en 1990. S’il vous reste assez de souffle pour respirer après cette histoire, apprenez encore un détail. Le nom du bateau. Celui sur lequel cette mignardise fut servie. Le « Nordwind ». C’est le nom d’un vent obsédant qui passe sur la Poméranie comme la tramontane sur mon pays. Mais c’est aussi le nom de la dernière offensive en France des armées allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette scène a eu lieu en mai 2014. Telles sont la chancelièr­e et l’Allemagne d’aujourd’hui. L’une et l’autre se sentent assez fortes pour nous tenir ce langage offensant, les yeux dans les yeux. Et elles savent que les dirigeants français sont assez inhibés pour sourire sans répliquer. L’Europe au service de la gériatrie allemande Voici le héros de la nouvelle Europe allemande, celui au nom de qui tout est justifié. C’est celui dont les attentes coïncidera­ient avec l’intérêt général, le bon sens et peut-être la raison elle-même. C’est Sa Majesté le pensionné de la haute classe moyenne allemande. (…) Euro fort et gros dividendes pour les fonds de pension, voilà son bonheur.

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