Les parents ne savent plus où donner de la tête
Fallait-il ou non vacciner les petits contre la grippe H1N1 ? Les adolescentes contre le cancer du col de l’utérus ? Quelle est la valeur nutritive d’une assiette à la cantine ? Les légumes sont-ils bio ? « Les parents n’ont plus confiance, analyse Benoît, directeur d’école élémentaire en région parisienne. Et développent des peurs ou des préoccupations parfois irrationnelles. » Tous les ans, le jeune homme se heurte au refus de plusieurs parents d’envoyer leurs enfants en classe verte. « Lorsque je leur demande pourquoi, les raisons ne sont pas claires mais reflètent un ensemble d’inquiétudes incontrôlées, qui peut aller du simple respect des règles de sécurité à l’angoisse d’un accident ou même d’actes pédophiles. »
L’anxiété parentale, Catherine, infirmière scolaire dans la région lyonnaise, la côtoie au quotidien. « Une partie de notre métier consiste désormais à rassurer les parents. » Le 20 mars, lors
« Nombre de médecinss rechignent désormais à en prescrire, escrire, comme il le leur a été demandé,é notammentt t pour traiter des infections virales comme la grippe ou la bronchite, puisque les virus y sont insensibles. Or le risque, par exemple si une grippe perdure au-delà de trois jours, est la survenue d’une surinfection bactérienne respiratoire pouvant conduire au décès par septicémie en quarante-huit heures. C’est ce qui est malheureusement arrivé à un patient, lui-même médecin, traité par de la cortisone (un anti-inflammatoire) à l’hôpital de la Timone, à Marseille. Cela relève d’une faute grave, due à un mauvais enseignement. Dans ce cas en effet, les antibiotiques doivent s’imposer, avant que la grippe ne dégénère. Le même raisonnement peut s’appliquer aux bronchites aiguës, qui, sans antibiotiques, peuvent donner lieu à des pneumonies graves. Il est donc erroné de croire que la grippe ne se soigne pas avec des antibiotiques ! Dès qu’une grippe sévère persiste plus de trois jours, il faut en prescrire, en particulier aux sujets sensibles, dits “à risques”, nouveau-nés ou personnes âgées de plus de 65 ans… » de l’éclipse solaire, par exemple, son téléphone n’a pas cessé de sonner. Questions de parents anxieux : Y a-t-il des stores dans les classes ? Ou bien des volets ? L’école a-t-elle pensé à acheter des paires de lunettes pour tous les élèves ? Ne manque-t-on pas de Scotch occultant ? Les enfants auront-ils le droit de sortir pendant la récréation ? Face à l’inquiétude généralisée, la direction de l’école s’est vue contrainte d’envoyer un mail à tous les parents d’élèves afin de les apaiser : « Toutes les mesures de sécurité ont bien été prises. »
Ce qui est vrai en milieu scolaire l’est également pour les activités extrascolaires. En atteste l’effondrement, depuis vingt ans, de la fréquentation des colonies de vacances, un phénomène que le gouvernement tente d’enrayer cette année par une campagne de communication – « En colo, j’ai confiance » – destinée à rassurer les familles. Pour le psychologue Alain Braconnier, auteur de nombreux ouvrages sur la relation parents-enfants (publiés chez Odile Jacob), nos sociétés occidentales se trouvent confrontées à un curieux paradoxe. D’un côté, elles se félicitent – à raison – de ne jamais avoir été aussi bien informées. Mais, du coup, cette transparence et cette quantité d’informations – parfois contradictoires – peuvent semer un trouble particulièrement anxiogène. « Il faut voir le nombre d’études qui paraissent en santé, confie le psychologue. “Ne pas dormir assez nuit à la santé”, nous dit-on un jour. “Trop dormir nuit à la santé”, apprend-on le lendemain… Comment voulez-vous que les parents soient sereins si c’est désormais à eux de trancher ? » Pour Alain Braconnier, il faut prendre garde à ce que les enfants ne se laissent pas gagner par les phobies qui empêchent leurs parents de dormir. Là encore, parions que ces derniers veilleront au grain