Après l’horreur du 7 janvier, Florence Cestac et Daniel Pennac reviennent à l’amour.
Au
Point, Florence Cestac est un peu une marraine. Membre du jury du prix BD du Point depuis sa création en 2003, l’auteur du « Démon de midi », Grand Prix du Festival d’Angoulême, y promène chaque année ses fameux gros nez et sa bonne humeur. Son nouvel album, qu’elle a dessiné à partir d’un scénario de Daniel Pennac, porte la marque de cet optimisme inébranlable. « Un amour exemplaire » relate la rencontre d’un Pennac petit garçon avec un couple de vieillards magnifiques, Germaine et Jean, dont l’histoire d’amour
« Mon état d’esprit aujourd’hui ? Le manque, le manque… Plus jamais de gaudriole de notre président Wolinski, plus jamais de dessins de Cabu, plus jamais de Tignous avec son graphisme si particulier, plus jamais de Charb bien saignant, et les élégants dessins d’Honoré ! Et tous les autres… Je me demande aujourd’hui à quoi a servi leur mort. » Après un magnifique dessin-hommage réalisé pour Le Point, repris en une de The Observer, Florence Cestac s’est vaillamment remise à l’ouvrage pour livrer « Un amour exemplaire » : « On se connaît depuis très longtemps, avec Daniel. Cela s’est passé comme nous le racontons dans l’album : il est venu me voir en me proposant l’histoire de deux amoureux fous, qui étaient les voisins de sa grand-mère à La Colle-sur-Loup, dans le sud de la France. J’ai toujours bien aimé l’univers de Pennac et son regard sur les autres. Même le dernier des salauds, il arrive à nous le rendre sympathique. » Dans « Un amour exemplaire », on croise aussi un tableau parlant de Marcel Proust (Germaine et Jean passent leur temps à « faire catleya » ), un fourreur juif généreux et un banquier égyptien amateur des lettres d’Abélard et d’Héloïse. Dans une Antiquité sans guerres de religion, le rire et l’amour étaient des dieux honorés. On imaginerait volontiers Florence Cestac en grande prêtresse de leur culte « Un amour exemplaire », de Florence Cestac et Daniel Pennac (Dargaud, 64 p., 14,99 €).