Le Point

Crime contre la culture. Et après ?

- CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT

En Irak, un taureau assyrien n’a pas de voix pour hurler quand une perceuse entame l’espace qui sépare ses deux yeux. C’est peut-être heureux, d’ailleurs… Mais il n’a pas de veuve, ni d’enfants, non plus, pour s’obstiner à poursuivre en justice les coupables, malgré les condamnati­ons de l’Unesco. Aussi doit-on saluer l’appel lancé par le ministre de la Culture ivoirien au musée du Quai-Branly, en marge de l’exposition « Les maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire », pour qu’émerge « un droit internatio­nal de la culture, définissan­t avec clarté ce qui peut relever des crimes contre les biens culturels, avec cours et tribunaux pénaux ad hoc, pour juger précisémen­t de ces crimes » . Bien sûr, il ne s’agit pas de mettre au même niveau les destructio­ns de vies humaines et celles d’objets inanimés, mais bien de réellement criminalis­er ces attaques sauvages à la mémoire des peuples. « Pour quelque sujet que l’on ravage un pays, on doit épargner les édifices qui font honneur à l’humanité, écrivait Emer de Vattel, bien aimé de George Washington. Que gagne-t-on à les détruire ? C’est se déclarer l’ennemi du genre humain. » C’était en 1758, dans « Le droit des gens », et ça paraît bien loin

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