Le Point

Le ministre de l’Economie mijote un « New Deal » ambitieux pour l’Europe. Et pour lui ?

Supranatio­nal.

- PAR CLÉMENT LACOMBE

Emmanuel Macron se sent-il à l’étroit à Bercy ? Bien possible, tant le ministre de l’Economie repousse les frontières de son magistère. Après le travail du dimanche, les autocars et les notaires, son nouveau cheval de bataille s’étend carrément à une Europe en panne, qu’il veut réveiller. Rien que ça ! « Si l’Europe reste à l’arrêt, elle va se déliter », lâche-t-il dans un salon du palais Farnese, l’ambassade de France à Rome, où son combat « pour un New Deal européen » l’a conduit ce dernier jour d’avril. Après quelques pas sur la terrasse construite par Michel-Ange, Emmanuel Macron fait tomber la cravate et déroule un discours répété une semaine durant à Strasbourg, Bruxelles et maintenant Rome.

Un « New Deal » pour l’Europe ? On lui fait remarquer qu’une telle référence à Roosevelt est quand même sacrément pompeuse. Il glisse sur notre remarque, explique ne jamais avoir été doué pour trouver des noms, et revient sur son plan « pour sortir de l’impuissanc­e institutio­nnelle qui prévaut depuis dix ans » , née de l’échec de la Constituti­on européenne. Son idée ? Amener les Etats membres à prendre les décisions douloureus­es mais nécessaire­s par eux-mêmes et non sous le soi-disant diktat de Bruxelles, qui au contraire donnerait parallèlem­ent un soutien bienvenu avec des plans d’investisse­ments massifs, bien plus ambitieux que celui lancé par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. Des investisse­ments qui pourraient donner naissance à un embryon de Trésor européen, avec un recours à l’emprunt non plus national mais au niveau de l’UE pour de grands projets. Macron pousse aussi à l’harmonisat­ion des régimes fiscaux et des systèmes d’assurance-chômage, veut r e ndre obl i g a t oi r e s l e s échanges Erasmus pour les jeunes ou propose de créer un poste de présidentp­ermanentde­l’Eurogroupe… Pas de vaches sacrées. Vouloir sauver l’Europe et l’euro ? Voilà une mission pour un chef d’Etat ou de gouverneme­nt. Voire pour un ministre des Finances. Mais pour un ministre de l’Economie et de l’Industrie… « Mais moi, je pense que quand on est ministre de l’Economie, il faut avoir un projet européen. Et, plus globalemen­t, quand on est un homme politique, aujourd’hui, on ne peut pas ne pas parler d’Europe. » On insiste un peu, Macron consent à se démarquer de ses aînés : « J’appartiens à une génération qui voit l’Europe différemme­nt de ses prédécesse­urs. C’est celle d’Erasmus. Avec un affectio societatis bien plus fort. Celle pour

 ??  ?? Ministre sans frontières. Emmanuel Macron en déplacemen­t à Rome, le 30 avril. « Quand on est un homme politique, aujourd’hui, on ne peut pas ne pas parler d’Europe », assène-t-il.
Ministre sans frontières. Emmanuel Macron en déplacemen­t à Rome, le 30 avril. « Quand on est un homme politique, aujourd’hui, on ne peut pas ne pas parler d’Europe », assène-t-il.

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