L’ÉTUDE CHOC
L’unité nationale du 11 janvier 2015 étaitelle un mirage ? Comment les attentats terroristes ont-ils renforcé l’attrait des classes populaires pour le FN ? Quelle est cette « idéologie populiste » qui prend corps ? Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop, et Alain Mergier, sociologue, tentent de répondre à ces questions dans un essai (1) écrit à chaud après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes. Selon eux, la France vit « un moment historique » de cristallisation d’une véritable « idéologie populiste » . « Les attentats de janvier imposent l’islamisation comme terme clé du système. Les questions du multiculturalisme, de l’immigration, de l’islam, de la laïcité se trouvent durablement au coeur de tout débat politique » , constatent les auteurs en s’appuyant sur des entretiens qualitatifs et une série d’analyses quantitatives. En filigrane, ils décrivent le portrait-robot de l’électeur de la classe moyenne tenté par le vote frontiste : il n’est pas Charlie et n’a pas défilé le 11 janvier ; il ressent une triple insécurité, physique (peur de l’agression), économique (refus de la mondialisation) et culturelle (remise en question des valeurs et du mode de vie) ; il relie les attentats terroristes à la crise des banlieues et à une stratégie de conquête de la part de l’islam. Même les électeurs de la droite traditionnelle semblent sensibles à cette idéologie, jugent Fourquet et Mergier, en citant les ventes de l’hebdomadaire Valeurs actuelles et du « Suicide français » d’Eric Zemmour. « Marine Le Pen n’a rien à faire, les faits d’actualité sont ses agents recruteurs » , affirment les auteurs. A tel point qu’un score de 25 % des voix, « ce n’est plus un plafond, mais un plancher » , alertent-ils à deux ans de la présidentielle 1. « Janvier 2015 : le catalyseur » (Fondation Jean-Jaurès, 120 pages, 6 €).