Le grand couturier a été instrumentalisé par deux hommes d’affaires. Enquête.
La main sur la rampe, barbe naissante et veste usée, Pierre Cardin descend de son atelier. A 92 ans, il préfère toujours les escaliers. La retraite est inconcevable pour cet Immortel, premier grand couturier élu à l’Académie des beaux-arts, en 1991. Dans son bureau trône un portrait géant de lui au milieu de ses pairs en habit vert. Une fierté pour ce fils d’immigrés italiens devenu roi de la mode. Une célébrité qui n’empêche pas toujours les déboires, au contraire…. Ainsi l’affaire de son ancien hôtel, la Résidence Maxim’s, qu’il a quitté à contrecoeur en 2009. Une adresse de prestige au 42, avenue Gabriel, à deux pas des Champs-Elysées, où il avait ses appartements privés. Un duo d’hommes d’affaires s’en est emparé en se servant de lui. Leur objectif ? Réaliser une plus-value record sur ce bien, alors propriété de l’Institut de France, la maison mère des cinq académies. L’opération s’est attiré les foudres de la Cour des comptes. Un rapport, publié le 30 avril 2015, fait état de « nombreuses anomalies et défaillances » autour de la vente de cet immeuble : appel d’offres faussé, prix discutable et vente opaque…
« Ils ont tout cassé » , fulmine Pierre Cardin. Rebaptisé La Réserve, l’hôtel a rouvert en janvier 2015, métamorphosé par 30 millions d’euros de travaux. Le cinqétoiles n’est plus au goût de celui qui en fut locataire pendant plus de vingt-cinq ans. Jusqu’en 2005, la propriétaire était Simone Del Duca. Veuve d’un magnat de la presse, cette « grande amie » de Cardin a légué tous ses biens à la vénérable institution du quai de Conti. Peu de temps après, le couturier propose 35 millions d’euros au légataire. Sans succès. « Je n’avais