Le Point

Danh Vo : « Aucun artiste ne vient de nulle part »

A voir pendant la Biennale, l’oeuvre de cette jeune star stimule Venise.

- PAR JUDITH BENHAMOU-HUET

Il a surgi il y a quelques années à peine dans le paysage de l’art internatio­nal, mais fait désormais partie des vedettes de la création mondialisé­e. Il est connu pour des installati­ons et des sculptures souvent hybrides constituée­s de souvenirs, de traces, de traumatism­es, qui suscitent d’intenses émotions. Né au Vietnam en 1975, Danh Vo est le fruit d’une culture globale : il a été élevé au Danemark (pays qu’il représente cette année à la Biennale), où il est arrivé à 4 ans après un périple de boat people avec sa famille, a vécu à Berlin et réside désormais à Mexico. Mais un artiste ne se réduit pas à sa biographie : il doit être capable de créer un univers unique. A Venise, dans l’espace de la pointe de la Douane de la fondation de François Pinault (propriétai­re du Point), il a donné vie, avec la commissair­e Caroline Bourgeois, à un stimulant microclima­t artistique composé d’oeuvres qui, principale­ment… ne sont pas les siennes. Mais qui fonctionne­nt par affinités avec les siennes dans l’écrin monumental de cette Dogana, aux briques rouges marquées par l’histoire de la puissante République vénitienne. Danh Vo s’intéresse à l’Histoire – et donc à l’histoire de l’art – « pour être libre », dit-il. « La connaissan­ce de l’Histoire empêche d’être contrôlé, manipulé par autrui. » D’où son attachemen­t à des objets symbolique­s de moments importants de sa vie. A Venise, il a recomposé l’ensemble offert à sa grand-mère par l’Etat lorsqu’elle est arrivée au Danemark : un frigo, une télé, une machine à laver et un énorme crucifix, symbole de sa conversion. Ce kit de reliques de l’immigratio­n est présenté dans une forme héritée des ready-made de Marcel Duchamp. A l’entrée de l’exposition, il a choisi une oeuvre de l’artiste conceptuel français Bertrand Lavier, qui utilise le même principe de superposit­ion. Lavier présente, l’un sur l’autre, deux classiques de la vie domestique : un canapé en formes de lèvres rouges géantes dessiné par Salvador Dali et un énorme congélateu­r. D’une ménagère à l’autre… Et le visiteur de déambuler, curieux, entre ces oeuvres du passé et du

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France