Le Point

Sous l’« Empire » de Lee Daniels

Son « Dynastie » noir et hip-hop est devenu un phénomène planétaire. Mais pourquoi donc ?

- PAR JULIE MALAURE

2001. Lee Daniels est le premier producteur noir oscarisé avec son premier film, « A l’ombre de la haine ». 2004. Le suivant, « The Woodsman », fait l’ouverture du festival de Sundance et reçoit le prix du Jury à Deauville. 2009. Avec son deuxième long-métrage en tant que réalisateu­r, « Precious » (avec Mariah Carey et Lenny Kravitz), Lee Daniels remporte deux oscars sur six nomination­s. 2012. « Paperboy », le suivant, concourt pour la palme d’or à Cannes et aux Golden Globes, avec Matthew McConaughe­y, Nicole Kidman et Zac Efron. 2013. « Le majordome », avec Forest Whitaker, sur la ségrégatio­n, devient (2 millions d’entrées en France). ’es noir, t’es gay, t’es rien ! » Devant son public venu en masse l’acclamer, le réalisateu­r oscarisé, 55 ans, y va fort. Le succès n’aurait jamais dû arriver, même à Hollywood. Il le sait, et il en joue, ce jour-là, invité du bouillonna­nt festival Sériemania pour parler de sa série « Empire », un soap opera dans le milieu du hip-hop qui a réuni 9,9 millions de téléspecta­teurs pour le premier épisode, 16,7 millions pour le dernier, et provoqué 2,4 millions de tweets et 15,8 millions de « likes » sur Facebook. Détrôner « Game of Thrones » (8 millions de téléspecta­teurs américains pour le premier épisode de la saison 5 en avril), il fallait le faire. Le discours de Daniels s’en ressent, destiné à ciseler le profil d’un outsider total, racial, social, sexuel… devenu self-mademan en luttant contre le courant qui, selon lui, maintient les Noirs en enfer.

Ses souvenirs d’enfance ? « Des tirs de revolver. J’avais 5 ou 6 ans quand mon meilleur ami est mort. Il a été abattu. Je l’ai vu mourir. Comme un autre plus tard, lorsque j’avais 13 ans. J’ai vu ma soeur prendre l’argent dans une de ses poches, la cocaïne dans l’autre... » Daniels aime se raconter en pauvre hère des quartiers, en dealer, en gamin qui rapine pour nourrir le foyer, et qui ne doit de s’être arrêté dans la déchéance qu’à un accident cardio-vasculaire. Au chapitre homosexual­ité, il évoque un petit garçon rudoyé dès la maternelle parce qu’il aimait les garçons (qu’on retrouve dans le personnage de Jamal, rappeur homosexuel que son père jette dans une poubelle), la froideur de son frère chéri, ses amis décimés par le sida. Le tableau est complet : « Les misérables » à Philadelph­ie. Daniels évoque moins son

 ??  ?? Ames damnées. La série « Empire », ou « Le roi Lear » dans le milieu du rap. Itinéraire d’un enfant gâté
Ames damnées. La série « Empire », ou « Le roi Lear » dans le milieu du rap. Itinéraire d’un enfant gâté
 ??  ?? Lee Daniels.
Lee Daniels.

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