Trente-cinq ans après avoir incendié le box-office, Mad Max reprend la route. Apocalypse à Cannes.
Il paraît que la sagesse vient avec l’âge. Pas pour George Miller. A 35 ans, l’homme était légèrement fêlé, à 70, sous ses airs de gentil tonton aux cheveux blancs et lunettes rondes, c’est un fou furieux. Aucun réalisateur sain d’esprit n’aurait pu enfanter le monstre présenté ce jeudi au Festival de Cannes. « Mad Max. Fury Road » : deux heures de bulldozer cinématographique hallucinogène qui rappelleront au spectateur pantelant que Miller a tout inventé. Avant que les mondes postapocalyptiques ne deviennent des cours de récré façon « Hunger Games », avant que Paul Walker n’apprenne à conduire « fast and furious », avant que le cuir ne devienne la tenue officielle des durs à cuire, il y avait Max, Mad Max. Un petit film australien de 1979, rempli d’inconnus, tourné avec 350 000 dollars et réalisé par un néophyte. Un petit film qui propulsa Mel Gibson au firmament et qu’il fallut inscrire au « Guinness des records » pour son hold-up surprise du box-office, où il récolta 100 millions de dollars,ars, la plus belle rentabilité de l’histoire du cinéma.
Mais pourquoi tant de bruit t pour un chauffard mutique ? Et pourquoi a-t-il encoreore tant d’écho, plus de trois décennies après sa conceptionception ? « Parce que George Miller a été le premier, nouss répond Tom Hardy, héros du nouvel opus. Le premierer à avoir posé la question : si notre société s’écroulait, que see passerait-il ensuite ? » Depuis, le monde est hanté par la vision de sa réponse, le « road warrior », desperado des désespoirs. On ferme les yeux et on l’imagine, adossé au tas de ferraille qui lui sert de destrier, silhouette empoussiéréepoussiérée dans l’horizon désert. « A shell of a man », énonce une voix off. Peut-être est-ce la raison de son retentissement etentissement : « une coquille vide », chacun peut la remplirmplir comme il l’entend. C’est l’inconscient collectif tif décrit par Joseph Campbell, le terreau des mythes séculaires. Avec son univers dépotoir où chacun se batat pour un litre d’essence, Miller matérialisait au fond ond la grande peur de l’Occident, celle que théorisait it André Gorz peu avant son suicide : « la sortie barbarerbare du capitalisme » . « Elle nous est déjà à familière et prévaut dans plusieurs régions d’Afrique, dominées par des chefs efs