« Dresser la liste des choses bien »
Aimer notre passé, notre histoire, nos paysages, nos architectures, nos arts, notre littérature, notre langue, notre mode et en tirer assez de certitudes de soi pour être ouvert sur les autres et sur l’avenir. C’est se sentir assez fort pour aimer le monde et la nouveauté et l’accueillir aussi. L’inventeur du premier microordinateur, le père fondateur d’Internet ou de la carte à puce sont français, mais les plus grandes maisons de luxe qui rayonnent à l’étranger ont des stylistes étrangers, c’est étonnant, mais c’est le charme du pays. Ces paradoxes, ces diversités font la France.
Inès de la Fressange : Qu’est-ce qui pourrait rendre les Français heureux ?
Croire de nouveau en eux-mêmes. Se voir comme les autres les voient, c’est-à-dire brillants, fantasques, élégants, inventifs, poétiques. Il faudrait aussi communiquer sur ceux qui sont heureux (car cela peut être communicatif !). Mais on ne rend pas heureux, on décide de le devenir. Il faut peut-être apprendre à se rendre heureux. Apprendre à reconnaître le bonheur, c’est le construire. Dès la maternelle, les élèves doivent être encouragés, les parents doivent cesser de craindre et féliciter plutôt leurs enfants. On devient meilleur quand on se sent aimé. Aussi, je pense vraiment que, si on commence à sourire même sans raison, la joie arrive par la suite ! Il faut que nous Français arrêtions d’avoir perpétuellement un sens critique et que nous fassions plutôt cet exercice de dresser la liste des choses bien. Chercher le bon plus que le mauvais. Accorder une place à l’imagination, la créativité, l’originalité dans l’entreprise comme à la maison peut aussi aider : vivre sa singularité