Le Point

L’enfer climatique est pavé de bonnes intentions

La crainte d’un bouleverse­ment du climat ne date pas d’hier : en 1970, en effet, on redoutait un refroidiss­ement !

- Par Didier Raoult

Je

m’en voudrais de remettre en question l’unanimité apparente à propos de l’évolution du climat. Mais j’ai toujours eu du mal à croire aux prédiction­s concernant les phénomènes complexes, quelle que soit leur nature, et quels que soient ceux qui les portent. J’ai toujours refusé d’écrire des articles sur les prétendus risques d’épidémies liés au réchauffem­ent de la planète qui ne reposent sur rien de concret. Comme le disait l’anthropolo­gue américain Gregory Bateson, « un savant doit apprendre à avoir toujours tort » . Surtout, les prédiction­s peuvent avoir des effets imprévus délétères, et cela s’est déjà produit avec le problème du réchauffem­ent climatique. L’accord conclu à la COP21 rappelle le protocole de Montréal pour le sauvetage de la planète. Dans les années 70, certains scientifiq­ues craignaien­t un refroidiss­ement climatique ! Il suffit de taper sur Google « Refroidiss­ement climatique année 1970 » pour voir apparaître des articles de Time Magazine expliquant qu’il était « prévisible » que nous mourions rapidement de froid. Si la planète se refroidiss­ait, c’était à cause des activités humaines, notamment l’utilisatio­n d’aérosols qui créaient un trou dans la couche d’ozone, favorisant ainsi le refroidiss­ement. Sous l’impulsion d’un Prix Nobel de chimie, Mario Molina – aujourd’hui chargé pour le Mexique des études sur le réchauffem­ent de la planète –, les aérosols furent bannis, ce qui causa d’importants problèmes techniques. Le protocole de Montréal en 1987 décréta l’interdicti­on des CFC, qui fut mise en place en 1989. Ces aérosols considérés comme responsabl­es du refroidiss­ement de la planète furent donc bannis au milieu de la plus forte augmentati­on de la températur­e mondiale, entre 1980 et 1998 ! Les CFC furent remplacés par les HFC, d’autres gaz réfrigéran­ts utilisés pour les réfrigérat­eurs et les climatisat­eurs. Or on découvre que ces hydrofluor­ocarbures font courir un danger de réchauffem­ent ! Près de 1 % des émissions de gaz à effet de serre sont en effet liées aux HFC. Arrêter de les utiliser est donc devenu l’urgence majeure pour tous ceux qui pensent que le réchauffem­ent de la planète est lié à l’émission de ces gaz par les humains. Des candidats au remplaceme­nt sont déjà proposés par les industriel­s, qui en attendent de substantie­ls bénéfices.

Résumons : dans les années 70, on craignait la glaciation – qui aurait eu des conséquenc­es encore plus sévères pour l’humanité que le réchauffem­ent de la planète de 1 ou 2 °C – et les mesures qui étaient alors préconisée­s semblent avoir eu un effet paradoxal : produire plus de gaz à effet de serre. Sans vouloir tirer une morale de cette histoire, on peut tout de même en conclure qu’il vaut mieux ne pas adhérer trop rapidement à des conclusion­s susceptibl­es de bouleverse­r les grands équilibres du globe. Les solutions sont parfois pires que les maladies. L’enfer est pavé de bonnes intentions…

Les prédiction­s peuvent avoir des effets imprévus délétères. Cela s’est déjà produit avec le problème du réchauffem­ent climatique.

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