Daech, décroissance, migrants, FN… La sagesse peut-elle vraiment nous aider ?
Le Point : Publier un livre sur la sagesse après les attentats du 13 novembre, n’est-ce pas un peu décalé ? Christophe André :
D’abord, ce n’est pas un livre sur la sagesse, mais sur la recherche de la sagesse. Nous tentons simplement de décrire nos efforts pour être moins fous et ces efforts peuvent inspirer nos lecteurs. Quant à savoir si la sagesse à elle seule peut s’opposer à la violence et à la perte d’humanité, la réponse est bien sûr non. Mais, sans sagesse, le seul usage de la coercition et de l’application de la loi serait insuffisant. La sagesse est importante non seulement pour tempérer l’usage de la force – ne pas répondre selon le principe de la loi du talion et de manière aveugle –, mais aussi préparer ce qu’Alexandre appelle l’« après-guerre », c’est-à-dire la période de reconstruction.
Votre question me surprend. On se plaint d’une perte de civilisation et de la barbarie. Or qu’est-ce que la sagesse ? Ce n’est pas de vieux messieurs dans un fauteuil poussiéreux philosophant sur des sujets abstraits. La sagesse, c’est aller au coeur même des causes qui mènent à la barbarie : le manque de discernement, de vision à long terme. C’est réfléchir sur les valeurs fondamentales de l’existence afin de permettre une transformation personnelle et une transformation de la société vers un monde plus altruiste et plus solidaire. Il y a vingt-cinq ans, quand les responsables de cette barbarie étaient âgés de 4 ans, ils ne rêvaient pas de couper des têtes. Des causes et des circonstances ont conduit au drame. Le manque de sagesse, c’est d’avoir justement ignoré tout ça et de ne réagir que lorsque la forêt brûle. Nous avons donc plus que jamais besoin de la sagesse.
Sans tomber dans la victimisation ni désigner des boucs émissaires, je me demande
Matthieu Ricard :
Alexandre Jollien :