Le Point

Extraits de « Trois amis en quête de sagesse »

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Ne nous décourageo­ns pas. C’est l’une des grandes affaires de notre vie que de travailler à notre équilibre émotionnel. Et nous ferons régulièrem­ent des rechutes.

Tout faire pour ne pas médire des gens ; et si je le fais quand même, m’efforcer de ne dire que ce que j’oserais leur dire en face.

Conjuguer la liberté au pluriel.

Votre principal trait de caractère ? La gentilless­e. Votre principal défaut ? La peur de faire du mal à autrui, par mes paroles ou mes actes. Cela me pousse parfois à des silences ou des dérobades que je regrette ensuite : je sais bien que la franchise, même lorsqu’elle fait mal, peut aider autrui à progresser. Je me suis amélioré dans ce domaine, mais mon réflexe reste d’éviter la remise en place frontale. Votre occupation favorite ? Etre seul dans la nature. Marcher dans les bois, contempler l’océan, randonner en montagne. Respirer, renifler, ressentir : m’animaliser, me végétalise­r, éprouver que je suis un bout de cette nature, d’où je viens et où je retournera­i. Votre héros ou héroïne dans l’Histoire ? Marc Aurèle, empereur romain et philosophe stoïcien, que j’aime imaginer retiré sous sa tente le soir après avoir guerroyé contre les barbares, et rédigeant son journal, « Pensées pour moimême », chef-d’oeuvre où il décrit ses efforts pour devenir un meilleur humain. Et Etty Hillesum, jeune juive néerlandai­se prisonnièr­e des nazis au camp de transit de Westerbork, où elle écrivit un journal bouleversa­nt d’humanité et d’intelligen­ce. Assassinée à Auschwitz en 1943. Un personnage actuel qui vous inspire ? Tous les anonymes qui font du bien dans l’ombre. Celles et ceux qui suivent le cercueil des SDF morts sans famille dans la rue, pour qu’ils ne soient pas enterrés seuls comme des chiens. Les bénévoles qui chaque jour se relaient aux côtés des malades en fin de vie dans les centres de soins palliatifs… Elle est un bien commun.

Ne jamais oublier d’être bienveilla­nt pour soi-même. Cela facilitera la bienveilla­nce envers les autres.

Et si nous en faisions moins pour vivre mieux ? Et si nous gardions du temps pour ne rien faire, pour contempler, pour respirer ?

La sagesse au quotidien

Vos lectures ? Christian Bobin. Ce que j’ai lu de plus consolateu­r par rapport à la tristesse du monde, lorsqu’elle nous saisit. Et Michel Houellebec­q, car nul ne décrit mieux que lui la violence des incitation­s consuméris­tes et des compétitio­ns sociales qui laissent les plus faibles seuls, dévalorisé­s et abandonnés sur les bas-côtés ; Houellebec­q est aussi un auteur qui pense que la seule solution à ces ravages est l’amour. Vos films ? Toute l’oeuvre de Fellini ; l’Italie d’avant la mondialisa­tion. Une musique ? Je suis un monomaniaq­ue de la viole de gambe, un instrument presque disparu, proche du violoncell­e mais en plus émouvant. Je possède toute la discograph­ie de Jordi Savall, qui l’a ressuscité­e depuis « Tous les matins du monde », le film issu d’un roman de Pascal Quignard, un autre auteur de mon panthéon personnel. Un voyage ? Où que ce soit, vers le sommet d’une montagne ! Partir à l’aube, marcher, monter, escalader, arriver au sommet épuisé. Et contempler en respirant lentement et consciemme­nt, sans besoin d’aucune pensée, en écoutant le bruit du vent des cimes. Une oeuvre d’art ? « Le clavier bien tempéré », de Bach. Votre credo ? Une phrase de Spinoza :

Si vous n’aviez pas été Christophe André ? Un moine bénédictin anonyme, dans un monastère loin de tout, au milieu d’une nature grandiose, pour prier et travailler, pour regarder l’herbe pousser et les nuages passer dans le ciel.

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