Le Point

Yngve Slyngstad dirige le fonds souverain du pays. Un joli bas de laine, menacé par la chute du baril.

- PAR ANDRÉ TRENTIN

Le baril à 40 dollars, pour les pétroliers, est une catastroph­e, bien sûr. Mais avec, au moins jusqu’ici, une exception : la Norvège ! Grâce à un fonds créé en 1990, les 5,1 millions de Norvégiens se sont constitué une rente plus que confortabl­e qui leur permet de tenir. Leur fonds souverain, le plus important du monde, a accumulé un trésor de 840 milliards de dollars, équivalant à plus de deux fois le PIB du pays. A sa tête : Yngve Slyngstad, 53 ans, crâne rasé et barbiche affûtée. Arrivé en 1998, lorsque l’argent a commencé vraiment à affluer, il a pris la direction du fonds en 2008, en pleine crise financière.

Rencontré dans un petit palace parisien cosy, Yngve Slyngstad, affable et direct, s’évade un peu, se remémorant son année parisienne à Assas, en 1986, époque où il refaisait le monde et étudiait la science politique pour compléter ses diplômes d’économie de l’université d’Oslo et de Berkeley. Aujourd’hui, le gauchiste repenti porte costume et cravate et s’évertue à faire grossir la tirelire de chaque Norvégien, déjà forte de près de 165 000 dollars. Slyngstad n’a pourtant rien d’un nabab, contrairem­ent à ses tout-puissants collègues qui dirigent les fonds d’Abou Dhabi, du Qatar ou de Singapour… Aucune cour autour de lui. Il arrive seul d’un rendez-vous dans Paris. En 2014, sa rémunérati­on s’est élevée à 650 000 euros, ce qu’empoche un trader ou un banquier junior à Londres. Il ne touche même pas le plus gros salaire du fonds : il est devancé par ses financiers vedettes de

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