Le Point

Un actionnair­e qui s’investit

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travaillée­s (inférieur à la France des 35 heures !) et relève le très fort taux d’endettemen­t de ménages trop confiants dans l’avenir (la faute au fonds ?). L’OCDE, tout comme le FMI, trouve aussi la règle des 4 % trop laxiste. Car, en valeur absolue, les sommes dégagées croissent en même temps que le fonds, dont la valeur a plus que quintuplé au cours des dix dernières années. Porte ouverte à la facilité que, justement, la Norvège veut bannir. Certes, le pays n’a jamais ponctionné les 4 % autorisés. Mais les 2,6 % puisés l’an dernier représente­nt tout de même plus de 5 % du PIB. C’est trop pour l’OCDE et le FMI, qui privilégie­nt une réduction des dépenses.

Année blanche. Préoccupat­ions pour l’heure assez éloignées de celles d’Yngve Slyngstad, qui voit monter les périls. Ils paraissent bien loin, les 110 dollars le baril touchés à la mi-2014. Si le cours du pétrole se fige à 40 dollars, les ressources du fonds vont se tarir. Ces dernières années, 30 milliards de dollars par an en moyenne tombaient dans les caisses du fonds. En 2015, il aura tout juste reçu 5 milliards… et cette année pourrait bien être blanche. Cela au moment même où les marchés financiers sont de plus en plus illisibles. La faute à la Chine et aux pays émergents, qui ont plombé la croissance mondiale, la faute aussi aux taux d’intérêt historique­ment bas, qui pénalisent les obligation­s et dopent artificiel­lement les actions. Le gouverneur de la Banque de Norvège, Oystein Olsen, n’a pas caché que les rendements du fonds pourraient « passer au-dessous de 3 % » .

« Gagner de l’argent avec des obligation­s à taux d’intérêt zéro est presque impossible. C’est un défi énorme », dit Slyngstad. La prudence extrême de la Fed, qui a faiblement relevé ses taux directeurs, ne modifie pas radicaleme­nt la donne. Aussi, à Oslo, ces jours-ci, entre le Parlement, le ministère des Finances et la Banque centrale, les discussion­s vont bon train pour réduire le portefeuil­le d’obligation­s afin de booster les rendements. Aujourd’hui, réglementa­irement, le fonds ne peut posséder plus de 60 % en actions, 35 % en obligation­s et, depuis 2010, 5 % dans l’immobilier. L’idée serait d’augmenter la part de l’immobilier jusqu’à 10 % et d’autoriser le fonds à investir 5 % de ses disponibil­ités dans des infrastruc­tures (routes, rails, aéroports…). « Le tout au détriment des obligation­s », suggère Slyngstad. Le patron du fonds a connu une année 2015 folle avec un premier trimestre record et un troisième catastroph­ique. Si la suite est de la même veine, voilà qui lui laissera peu de temps pour décompress­er, faire du kayak ou se balader, comme il aime à le faire, dans les collines du Skaugumsas­en, dans les environs d’Oslo. Tout en restant malgré tout joignable sur l’une de ses 20 lignes téléphoniq­ues… Le fonds est présent dans quelque 9 000 entreprise­s et se fait un devoir de voter à chacune des assemblées générales d’actionnair­es. Depuis peu, là où il possède des participat­ions autour de 5 % ou plus, il fait désormais connaître ses intentions de vote avant l’assemblée. Le fonds, en revanche, ne cherche pas à être représenté dans les conseils d’administra­tion.

dit Yngve Slyngstad,

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