FILLON « SORTEZ LES ILLUSIONNISTES ! »
A l’attaque. Déchéance de nationalité, Syrie, Schengen, chômage, primaires… L’exPremier ministre tranche dans le vif. Et se démarque nettement de Sarkozy.
Le Point : Le psychodrame sur l’extension de la déchéance de nationalité en valait-il la peine ?
François Fillon : Ce débat est typique du mal qui ronge notre pays. Les politiques s’agitent et se divisent, mais n’agissent pas. Personne n’a tiré les enseignements des attentats. Après le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, une commission d’enquête a, deux ans durant, tout passé en revue. Nous aussi, nous devons nous poser des questions. Pourquoi les terroristes ont-ils pu agir alors qu’ils étaient en majorité connus des services de renseignement ? Est-ce que les conditions d’intervention des forces de sécurité au Bataclan n’appellent pas un retour d’expérience ? Les services de santé ont agi de façon remarquable, mais leur organisation ne mérite-t-elle pas d’être améliorée ? L’organisation du culte musulman est-il satisfaisant ? Notre politique en Syrie estelle adaptée ? Voilà les vrais sujets. Au lieu de cela, on va débattre pendant deux mois de la déchéance de nationalité. C’est une question symbolique, et je ne méconnais pas la force des symboles, mais c’est une réforme anecdotique dans la lutte contre le totalitarisme islamique. C’est un écran de fumée.
Vous la voterez, cette mesure ?
Ce qui doit être sanctionné, c’est l’acte terroriste, pas le lieu de naissance de son auteur ou de ses parents. Je ne me satisfais pas de cette réforme bancale qui marque une forme d’impuissance.
Et l’état d’urgence ?
Cette mesure constitutionnelle n’est pas indispensable. En 2008, la commission Balladur l’avait déjà proposée ; le Conseil d’Etat avait alors estimé que ça n’était pas nécessaire. J’attendrai le débat parlementaire pour me prononcer, mais je mets des conditions à mon vote : qu’une commission d’enquête soit mise en place sur les attentats et, s’agissant de la déchéance, que l’on explore toutes les solutions permettant d’exclure de la communauté nationale tous ceux qui auraient commis un crime terroriste sans exception. Sur l’alliance avec la Russie en Syrie, en revanche, François Hollande a opéré un virage à