Honteux à droite, vilipendé à gauche, le libéralisme pourrait malgré tout gagner la bataille des idées. Enquête.
Exprimant de façon à peine voilée son inquiétude et surtout sa désapprobation, Le Monde titrait l’autre jour en une : « Avant la primaire, les candidats de droite se lancent dans une surenchère libérale. » On se demande même si ce n’est pas plus par manque de place que par souci d’objectivité que le peu « thatchérien » quotidien du soir n’avait pas écrit « surenchère ultralibérale » pour évoquer les centaines de milliers de postes de fonctionnaires que les Fillon, Juppé, Le Maire, Sarkozy and Co se proposent de supprimer s’ils sont élus. Ou encore la centaine de milliards d’euros de coupes claires dans les dépenses publiques qu’ils entendent réaliser s’ils s’installent à l’Elysée. Sans oublier l’enterrement des 35 heures, la disparition de l’ISF, l’encadrement des prestations sociales, un Code du travail passé à la paille de fer, des baisses massives de charges pour les entreprises financées par des hausses de TVA.
Au secours la droite revient, ce qui est déjà en soi un cauchemar pour beaucoup. Mais, pis encore, c’est une droite ultralibérale qui menace de prendre les commandes du pays. Une droite au libéralisme économique assumé et décomplexé, ce qui constitue pour elle une grande nouveauté, tant elle s’est toujours méfiée de cette école de pensée anglo-saxonne jugée par elle parfaitement étrangère et totalement inadaptée à la tradition et à la culture françaises. Une droite française historiquement conservatrice et social-étatiste sur le plan économique, aussi décalée par rapport aux autres droites européennes que la gauche française par rapport aux autres gauches européennes. Une droite française aussi peu libérale dans ses discours que dans son exercice du pouvoir.
Sans remonter à la nuit des temps, on rappellera par exemple que de Gaulle avait soigneusement enterré le rapport Rueff-Armand, d’inspiration clairement libérale, qui préconisait dès 1960 toute