Son parti, le FPÖ, a perdu de peu la présidentielle. Mais HeinzChristian Strache prépare l’avenir avec confiance.
Il y a quelque chose de Droopy chez Alexander Van der Bellen. Comme le chien triste des dessins animés de Tex Avery, le vainqueur de l’élection présidentielle autrichienne est capable d’accueillir la plus inattendue des victoires sans que l’impassibilité du masque qu’il affiche en toute occasion soit prise en défaut. Diction monocorde, émotion contenue, prédilection pour la litote… Sa première allocution en tant que président élu ressemble à la personnalité de l’austère universitaire. Question de circonstances : il s’en est fallu de quelques milliers de voix pour que son adversaire, le candidat du parti d’extrême droite FPÖ, l’emporte.
« Quoi qu’il arrive demain, nous pourrons dire que nous avons gagné », s’est d’ailleurs exclamé Norbert Hofer en guise de promesse à ses électeurs et à ses fidèles. Mais aussi à Heinz-Christian Strache, son alter ego. Quadragénaire comme Hofer, Strache est le président du FPÖ. S’il n’a pas personnellement brigué la fonction de chef de l’Etat, c’est tout simplement parce qu’il vise le poste de chancelier, qui, selon la Constitution autrichienne, concentre l’essentiel des pouvoirs. « C’est en cela que les deux hommes sont complémentaires, explique Bernhard Weidinger, un spécialiste de l’extrême droite. En dépit des apparences, il n’y a pas Hofer-le-modéré et Strache-ledur. D’ailleurs, Hofer a, pour l’essentiel, rédigé le manifeste du parti en 2011. » La première phase du plan, la conquête de la présidence de la République, a échoué de peu ; cela ne change rien au second objectif : l’accession à la chancellerie à la faveur des élections législatives, qui auront lieu en 2018.