Le Point

FPÖ, le parti caméléon

- Y. C.

A sa création, en 1955, le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) était bien différent de ce qu’il est devenu. A l’époque, une formation libérale au sein de laquelle s’étaient recyclés d’anciens nazis, dans un pays qui n’avait précisémen­t pas été dénazifié. C’est dans les années 80, sous la houlette de Jörg Haider, que le FPÖ prend une orientatio­n ouvertemen­t nationalis­te, voire révisionni­ste. Cela ne l’empêche pas d’être associé à des exécutifs régionaux avec les sociaux-démocrates ou des conservate­urs. En 2000, le Parti de la liberté participe même à une coalition gouverneme­ntale avec les conservate­urs. Cette accession au pouvoir suscite une levée de boucliers de la part des partenaire­s européens de l’Autriche. Elle est de courte durée, ceux-ci constatant qu’elle ne fait que renforcer l’audience de l’extrême droite. Cinq ans plus tard, Heinz-Christian Strache, un prothésist­e dentaire, supplante Haider à la tête d’un FPÖ au creux de la vague et entreprend de le reconstrui­re sans remettre en cause ses grandes lignes : libéralism­e sur le plan économique, préférence nationale en matière d’emploi, refus de l’immigratio­n, hostilité envers l’Union européenne (atténuée depuis). Avec le succès que l’on sait

s’est installé le sentiment d’insécurité. Les violences contre les femmes à Cologne, en Allemagne, le 31 décembre, ont été largement racontées. De même qu’une succession de faits divers récents : une septuagéna­ire battue à mort par un réfugié kényan, des rixes entre Tchétchène­s et Afghans, des Nigérians qui dealent dans le métro, le tout surexploit­é par une presse populaire très hostile aux migrants. Il a suffi à Norbert Hofer de réclamer leur renvoi pour rafler la mise.

Signe des temps, la ville de Traiskirch­en. Cette caserne de la grande banlieue de Vienne a été transformé­e en centre de transit depuis 1956. Elle a accueilli les Hongrois chassés par la répression de l’insurrecti­on de 1956, des Tchécoslov­aques en 1968. Et des réfugiés de l’ex-Yougoslavi­e. Depuis l’été 2015, ce sont des migrants originaire­s d’Afrique ou du ProcheOrie­nt qui occupent les bâtiments d u r é g i men t d ’ a r t i l l e r i e . A Traiskirch­en, c’est le candidat d’extrême droite qui était en tête avec 53,7 % des suffrages. L’Autriche n’en a pas fini avec le FPÖ, Norbert Hofer et Heinz-Christian Strache

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Jörg Haider, alors leader du FPÖ, en 2000.

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