Dans la tête de Poutine
Alors qu’en 2000 il s’apprêtait à devenir le maître du Kremlin, Vladimir Poutine se confiait à trois journalistes. C’est, à ce jour, sa seule interview intimiste. Elle est publiée en français (Ed. so lonely).
C’est l’unique interview intime de Vladimir Poutine. Un entretien fleuve réalisé en 2000 par trois journalistes russes, qui paraît pour la première fois en version française dans un ouvrage intitulé « Première personne ». Le futur maître du Kremlin s’apprête alors à succéder à Boris Eltsine et décide de raconter sa vie. Il évoque, avec une rare liberté de ton, ses parents, son enfance, ses amis, sa carrière au KGB et son arrivée au pouvoir. Il s’exprime aussi sur la vocation européenne de la Russie. Des propos fort éloignés des envolées antioccidentales dont il est aujourd’hui coutumier. Sa mère pendant le siège de Leningrad… Un jour, elle avait tellement faim qu’elle a perdu connaissance, les gens l’ont prise pour morte, ils l’ont allongée à côté d’un tas de cadavres. Par chance, maman a repris ses esprits à temps et elle a commencé à gémir. C’est un miracle qu’elle ait survécu… Son père… Il était sur le champ de bataille. Il avait été affecté à l’un des bataillons de « destructeurs » du NKVD. Ces bataillons étaient chargés de mener des opérations de sabotage derrière les lignes allemandes. Ils sont allés voir les habitants locaux, c’étaient des Estoniens. Ces derniers leur ont d’abord apporté à manger, puis ils les ont dénoncés aux Allemands. Ils n’avaient presque aucune chance de survivre. Les Allemands les encerclaient de partout. (…) Mon père s’est immergé tout entier dans un marécage. Il a respiré à l’aide d’une paille, jusqu’à ce que les chiens qui étaient à sa recherche passent à côté. C’est comme ça qu’il s’est sauvé.
Son enfance… J’étais vraiment une petite canaille. (…) J’ai commencé à faire du sport vers 10, 11 ans. Dès qu’il est devenu clair que mon caractère bagarreur ne suffirait pas pour rester le chef dans ma cour d’immeuble et à l’école, j’ai décidé de prendre des cours de boxe. Mais je n’ai pas tenu longtemps : on m’a très vite cassé le nez. (…)
C’est alors que j’ai opté pour le sambo. La lutte était populaire à l’époque. J’ai rejoint une école non loin de chez moi et j’ai commencé à prendre des cours. (…)