La Constitution : un Etat « civil »
Fini. Terminé. L’islam politique a vécu en Tunisie. Telle est la conclusion du conclave à grande échelle – 1 200 congressistes – mené trois jours durant par le parti Ennahdha. La prédication est remisée au vestiaire, la politique en devient l’objectif unique. Le cheikh Rached Ghannouchi a été reconduit dans ses fonctions de président par 75 % des suffrages. Toutes les motions ont été plébiscitées aux trois quarts des voix. Pour l’homme qu’une partie de la classe politique vouait aux gémonies durant la campagne électorale de 2014, le L’ o pé r a t i o n a c o mmencé il y a plus d’un an. Près de 350 réunions ont permis de déminer ce rendez-vous qui aurait pu être à hauts risques. En imposant sa ligne 100 % politique, avec à la manoeuvre son conseiller politique Lotfi Zitoun, Ghannouchi a su anesthésier une partie des cadres qui y sont hostiles. On a pu voir des élus de nombreux partis faire la queue pour aller serrer la main de leur hôte d’un soir. « Real politik », grinçaient certains. Désormais, le parti est en ordre de bataille pour les municipales (mars 2017) et pour la présidentielle de 2019. En 2014, Ennahdha n’avait pas présenté de candidat. Après ce congrès, plus aucun obstacle ne se dresse. L’image du cheikh, personnage détesté par une partie des Tunisiens, est habilement redessinée afin de devenir plus consensuelle. Ce 10e Congrès a prouvé que deux figures surplombent la vie politique tunisienne : BCE et Ghannouchi Ce changement de cap du parti islamiste désormais
est dans le droitfil de la nouvelle Constitution adoptée en janvier 2014. Il y est stipulé dès l’article 2 que L’article 6 indique que .
meeting tenu à Radès (devant 10 000 militants, représentations diplomatiques et invités de marque) ressemblait à un sacre. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, y a fait une apparition symbolique. Lors de son allocution, il a redit ne pas croire en « l’islam politique » et pris acte du tournant effectué par Ennahdha. Pour l’islamiste Ghannouchi, qui a lutté dans la clandestinité, connu la prison sous Bourguiba, l’exil londonien sous Ben Ali, la victoire à l’élection constituante de 2011, ce congrès a des allures de renouveau.
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