Le Point

Davantage de conseils

Bruxelles a durci les obligation­s des banques ou des conseiller­s en gestion de patrimoine.

- PAR ÉRIC LEROUX

«A gir de manière honnête, loyale et profession­nelle » : c’est ce que le Code monétaire et financier impose à tous les conseiller­s ou vendeurs de produits financiers, de manière à orienter au mieux les épargnants dans le maquis des placements. Et, pour ne pas laisser trop de place aux interpréta­tions, Bruxelles a défini des principes (MIF, MIF2, OPCVM…) de plus en plus exigeants au fur et à mesure que l’offre financière se complexifi­e. « En premier lieu, le profession­nel doit prendre le temps de comprendre ce que la personne demande et qui elle est, prévient Xavier Parain, secrétaire général adjoint de l’Autorité des marchés financiers. Ce n’est que dans un second temps que des conseils pourront être prodigués et, si nécessaire, des placements recommandé­s. » Si quelqu’un veut vous vendre un placement sans s’être renseigné sur vos besoins, il faut donc prendre vos jambes à votre cou.

Pour recueillir ces informatio­ns, vous devez répondre à de nombreuses questions sur votre situation financière et patrimonia­le, vos connaissan­ces, votre expérience, votre tolérance au risque, vos objectifs. « Ces questions paraissent parfois intrusives, reconnaît Xavier Parain, mais elles sont indispensa­bles pour bien orienter l’épargnant. »

Une fois votre profil établi, l’intermédia­ire doit vous présenter les produits de manière claire, précise, non trompeuse et équilibrée. Pas question, par exemple, qu’il mette en avant les bonnes performanc­es d’un fonds sans afficher le niveau de risque qu’il fait courir. « Dès que l’investisse­ment passe par un fonds, l’intermédia­ire doit remettre le Document d’informatio­ns clés pour C’est le nombre de fonds accessible­s en France. l’investisse­ur, qui indique les objectifs, les risques et les frais du fonds de manière synthétiqu­e » , explique Xavier Parain. Une lecture qui sera plus facile très bientôt (lire ci-contre). Le profession­nel doit aussi vous expliquer pourquoi il vous recommande cette solution, et garder trace de cette justificat­ion. Si vous êtes face à un conseiller en investisse­ments financiers (profession­nel disposant de la capacité à vous proposer une large gamme de produits, souvent en toute indépendan­ce), il devra établir un rapport écrit qu’il vous remettra, sur lequel sera retracé le processus de recommanda­tion.

Questions indiscrète­s. Une fois les produits souscrits, certains profession­nels ont tendance à oublier leurs clients, laissant dériver leurs choix d’actifs ou ne les adaptant pas à des grandes évolutions. C’est pourquoi la France – et l’Europe à partir de 2018 – a instauré le « conseil dans la durée ». Considéran­t que le profession­nel est rémunéré par des commission­s tant que vous détenez le produit, et que la rémunérati­on doit venir, pour être légitime, en compensati­on d’un service, les autorités imposent aux profession­nels de faire le point au moins une fois par an pour vérifier si les solutions mises en place sont toujours les plus adaptées. Ne vous étonnez donc pas si votre conseiller ou votre banque revient à la charge avec ses questions indiscrète­s…

« Il reste malheureus­ement d’importante­s inégalités entre les différents acteurs habilités à proposer des solutions d’investisse­ments, regrette Benoist Lombard, président de la Chambre nationale des conseiller­s en gestion de patrimoine. Par exemple, seuls les conseiller­s en investisse­ments financiers doivent être transparen­ts sur leur rémunérati­on, accepter d’être contrôlés au moins une fois tous les cinq ans, ou justifier par écrit l’ensemble des opérations recommandé­es aux clients. »

Les autorités imposent aux profession­nels de faire le point au moins une fois par an.

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