Davantage de conseils
Bruxelles a durci les obligations des banques ou des conseillers en gestion de patrimoine.
«A gir de manière honnête, loyale et professionnelle » : c’est ce que le Code monétaire et financier impose à tous les conseillers ou vendeurs de produits financiers, de manière à orienter au mieux les épargnants dans le maquis des placements. Et, pour ne pas laisser trop de place aux interprétations, Bruxelles a défini des principes (MIF, MIF2, OPCVM…) de plus en plus exigeants au fur et à mesure que l’offre financière se complexifie. « En premier lieu, le professionnel doit prendre le temps de comprendre ce que la personne demande et qui elle est, prévient Xavier Parain, secrétaire général adjoint de l’Autorité des marchés financiers. Ce n’est que dans un second temps que des conseils pourront être prodigués et, si nécessaire, des placements recommandés. » Si quelqu’un veut vous vendre un placement sans s’être renseigné sur vos besoins, il faut donc prendre vos jambes à votre cou.
Pour recueillir ces informations, vous devez répondre à de nombreuses questions sur votre situation financière et patrimoniale, vos connaissances, votre expérience, votre tolérance au risque, vos objectifs. « Ces questions paraissent parfois intrusives, reconnaît Xavier Parain, mais elles sont indispensables pour bien orienter l’épargnant. »
Une fois votre profil établi, l’intermédiaire doit vous présenter les produits de manière claire, précise, non trompeuse et équilibrée. Pas question, par exemple, qu’il mette en avant les bonnes performances d’un fonds sans afficher le niveau de risque qu’il fait courir. « Dès que l’investissement passe par un fonds, l’intermédiaire doit remettre le Document d’informations clés pour C’est le nombre de fonds accessibles en France. l’investisseur, qui indique les objectifs, les risques et les frais du fonds de manière synthétique » , explique Xavier Parain. Une lecture qui sera plus facile très bientôt (lire ci-contre). Le professionnel doit aussi vous expliquer pourquoi il vous recommande cette solution, et garder trace de cette justification. Si vous êtes face à un conseiller en investissements financiers (professionnel disposant de la capacité à vous proposer une large gamme de produits, souvent en toute indépendance), il devra établir un rapport écrit qu’il vous remettra, sur lequel sera retracé le processus de recommandation.
Questions indiscrètes. Une fois les produits souscrits, certains professionnels ont tendance à oublier leurs clients, laissant dériver leurs choix d’actifs ou ne les adaptant pas à des grandes évolutions. C’est pourquoi la France – et l’Europe à partir de 2018 – a instauré le « conseil dans la durée ». Considérant que le professionnel est rémunéré par des commissions tant que vous détenez le produit, et que la rémunération doit venir, pour être légitime, en compensation d’un service, les autorités imposent aux professionnels de faire le point au moins une fois par an pour vérifier si les solutions mises en place sont toujours les plus adaptées. Ne vous étonnez donc pas si votre conseiller ou votre banque revient à la charge avec ses questions indiscrètes…
« Il reste malheureusement d’importantes inégalités entre les différents acteurs habilités à proposer des solutions d’investissements, regrette Benoist Lombard, président de la Chambre nationale des conseillers en gestion de patrimoine. Par exemple, seuls les conseillers en investissements financiers doivent être transparents sur leur rémunération, accepter d’être contrôlés au moins une fois tous les cinq ans, ou justifier par écrit l’ensemble des opérations recommandées aux clients. »
Les autorités imposent aux professionnels de faire le point au moins une fois par an.