Santé connectée, le colloque
Wassim Badiou et Charles Nahmanovici, tous deux chirurgiens gynécologues-obstétriciens, ont créé un colloque spécialisé en santé connectée afin de développer, entre autres, la simulation chirurgicale dans la formation des médecins. Au programme de cette deuxième édition, dont est partenaire : hôpital et patient numériques, révolution robotique, nanotechnologies, e-santé et, bien sûr, simulation.
« Connected Health », les 31 mai et 1er juin, à Monaco. Connectedhealthmonaco.com de la vessie. Ce type d’enseignement apprend aussi au futur médecin à traiter une hémorragie de la délivrance – première cause de mortalité maternelle dans le monde – ou encore à pratiquer la manoeuvre qui s’impose pour sortir un nouveau-né dont une épaule est coincée dans le bassin maternel. Il s’agit d’un problème très rare, pratiquement jamais rencontré lors des études, mais qui demande dextérité et rapidité. Dans certains cas, « l’élève » peut faire appel à des assistants virtuels – anesthésiste, infirmière… – pour le seconder.
Formule 1. En procréation médicalement assistée, la simulation transforme le pronostic. « Le transfert d’embryon chez un couple infertile est l’aboutissement du travail de toute une équipe pendant deux ans, note Wassim Badiou. Moi, je suis tout seul avec cet embryon et je dois le placer au bon endroit dans l’utérus, en sachant que les chances de grossesse sont de 25 % au maximum, comme pour une grossesse normale. » Au total, après une soixantaine de proc é d u r e s s u r s i mula t e u r, l e s médecins qui pratiquent la fécondation in vitro affichent un taux de réussite identique à celui des spécialistes habitués à réaliser fréquemment ce geste. Il n’y a donc plus de pertes de chances pour la patiente. Après soixante hystérectomies, par exemple, le risque d’aléas thérapeutiques tombe au niveau le plus bas. C’est vrai pour toute la chirurgie gynécologique et obstétrique comme pour les autres spécialités.
« Nous sommes en train de former des médecins augmentés » , se réjouit Badiou. Cet innovateur dans l’âme a d’ailleurs créé, avec le président d’Asspro scientifique, l’Association pour la prévention du risque opératoire, la première plateforme de simulation numérique itinérante à travers l’Europe. Sa « formule 1 de la santé connectée » est un camion qui sillonne la France depuis six mois et passera par Monaco fin mai avant d’aller en Espagne, au Portugal et en Suisse. Coût : 1,8 million d’euros, financé par l’assureur français Branchet. Quant aux modules de formation embarqués, ils sont pris en charge par des partenaires industriels et scientifiques. Public ciblé : les toubibs étrangers qui viennent pallier la pénurie de médecins et de chirurgiens, notamment dans les zones rurales. L’objectif est de vérifier leur niveau de formation, voire de l’améliorer sur simulateur, avant de leur délivrer un certificat d’accréditation européenne, selon les standards reconnus par les autorités européennes et les sociétés savantes.
Le docteur Badiou a déjà en tête l’étape suivante : celle des patients augmentés. « Leur niveau de connaissance et leur possibilité de gérer leur maladie progressent. L’exemple du diabète est significatif. » Au lieu de se piquer le doigt pour connaître son taux de sucre dans le sang et adapter ses injections d’insuline, le diabétique dispose d’un nanocapteur placé sur sa peau qui évalue en permanence sa glycémie et communique avec son centre référent. Wassim Badiou en est convaincu : la médecine augmentée va transformer la relation médecin-malade. Pour le meilleur