Le Point

Use de stars

McCartney ou Adele en concert en France ? C’est grâce à elle. Jackie Lombard, la « tourneuse » mythique, raconte les grands fauves de la pop.

- PAR MATHILDE CESBRON ET PHALÈNE DE LA VALETTE

«M aintenant je vais m’ennuyer à mort, lancet-elle, émue aux larmes. Tout a perdu de sa magie aujourd’hui… » Depuis la disparitio­n de Prince, Jackie Lombard ne voit plus son métier de la même manière. Elle aime raconter la folie du kid de Minneapoli­s, qui lui a fait « les 400 coups ». Il y a cinq ans, il est venu jouer au Stade de France les mains dans les poches. « Il m’a donné une liste de choses à acheter et j’ai tout loué sur place. Il a répété la veille. Seulement la veille. » Trois ans plus tard, Son Altesse la prévient, quelques jours avant, qu’il veut se produire au Zénith lors du pont de l’Ascension. « On fera deux concerts, me dit-il, un à 18 heures, l’autre à 21 heures. » Le jour J, la salle affichait complet. Jackie Lombard est ce qu’on appelle une « tourneuse » : de Paul McCartney à Adele, en passant par Céline Dion et Bob Dylan, elle produit les concerts français des plus grandes stars. Sa mission ? Réserver Bercy ou le Stade de France, dessiner le plan de salle, décider du prix des places, gérer la billetteri­e, placarder les murs d’affiches… et surtout veiller au bonheur du client en toutes circonstan­ces. Quitte à devoir aller frapper à la porte de Keith Richards parce que Freddie Mercury vous a demandé de « vous démerder » pour lui fournir de quoi « fumer » ! « Je suis peut-être une artiste, dans mon genre », lâche-t-elle, les yeux brillants.

Jackie Lombard présente sa vie comme un conte de fées. A 9 ans, elle « nettoyait les chiottes » dans un camp militaire en Israël. Débarquée en France à 14 ans, elle devient vendeuse à La Courneuve. Elle ne parle pas un mot de français, qu’elle apprendra plus tard, dans Nous deux. « J’ai lu ces conneries de romans-photos pendant des mois… » Un jour, elle tombe sur une affiche pour le cours d’art dramatique de Raymond Girard. L’acteur, amusé par la gouaille et l’accent abominable de la demoiselle, la prend comme élève, aux côtés de Michel Sardou ou Nicole Calfan. « Il m’a fait parler avec un crayon dans la bouche

 ??  ?? La dernière des Mohicans. En 1968, elle joue dans une adaptation télévisée du livre de James Fenimore Cooper. Au centre, avec Tom Jones, à qui elle aurait inspiré « Sex Bomb ». Ci-dessus, avec Rod Stewart.
La dernière des Mohicans. En 1968, elle joue dans une adaptation télévisée du livre de James Fenimore Cooper. Au centre, avec Tom Jones, à qui elle aurait inspiré « Sex Bomb ». Ci-dessus, avec Rod Stewart.

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