Le Point

Les cookies de Joe Cocker

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« Son cuistot le suivait partout, il lui préparait des gâteaux. J’adore les cookies au chocolat. Il était à Bercy et dans les coulisses ça sentait si bon… Je passe devant les cookies. Joe me prévient de ne surtout pas en prendre. Je ne l’ai pas écouté. Deux minutes après, je me suis sentie planer. Pendant son concert, Joe Cocker sortait entre chaque chanson pour voir comment j’allais. Après, pour Noël, il m’a fait envoyer un colis de cookies sans herbe… »

jusqu’à ce qu’on me comprenne », se souvient-elle. Une dame aisée, rencontrée grâce au cours, la recueille chez elle, avenue Montaigne. « Ça avait quand même plus de classe qu’Aubervilli­ers. »

Au cours de notre entretien, la productric­e se perdra souvent dans le récit épique de son existence. Du barnum pittoresqu­e de ses innombrabl­es anecdotes on retiendra surtout que tout a commencé par une histoire d’amour avec un chanteur. « J’étais au premier rang à l’Olympia et il n’arrêtait pas de me zieuter – j’étais en short. J’ai quitté le siège pour aller dans les coulisses. J’arrive au moment où il sort de scène et, boum, on se tamponne tous les deux. Deux semaines plus tard, je me retrouve dans le même hôtel que lui à Munich et on se cogne à nouveau dans un couloir ! J’avais 18 ans. Il n’y a rien de mieux pour apprendre l’anglais que sur un oreiller. » Qui est-il ? Tom Jones ? Certains ont affirmé que ce serait elle, sa « Sex Bomb ». Elle ne le dira pas. Pour l’impression­ner, elle se met en tête de devenir l’organisatr­ice de ses concerts en France et fait le tour des managers américains pour les convaincre de la prendre à l’essai. « Elle n’a peur de personne. Peu importe que ce soit la reine ou le roi d’Angleterre, elle ira leur parler », confie Barrie Marshall, le producteur des tournées anglo-saxonnes de Stevie Wonder, Bon Jovi, Pink ou Taylor Swift. L’effrontée fait ses preuves. On lui confie un chanteur, puis deux, puis trois… « Et un beau matin, on m’appelle pour faire Queen ! »

Michael à l’Opéra. Si les plus grands artistes la choisissen­t, c’est parce qu’elle comprend leurs ressorts. « Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Madonna ou Adele qu’on n’a pas envie de se voir en photo dans toute la ville. » Spots radio et TV, pleines pages dans les journaux, affiches, même si le concert est complet depuis deux mois. « Je veux que tout le monde sache que le concert a lieu, surtout ceux qui n’iront pas, assènet-elle. Je suis stressée dès l’ouverture de la billetteri­e. Si je ne vends pas, je perds. » La plus grosse déconfitur­e de la tourneuse s’élève à 700 000 euros. Envolés en un soir, à cause d’un concert annulé. Elle ne nous dira pas qui ni pourquoi. Tout comme elle préfère taire ses revenus. « C’est très simple : on a une garantie à donner à l’artiste. Si on ne l’atteint pas, on la perd. Si on l’atteint, l’artiste touche un pourcentag­e et nous aussi. Je finance tout en amont et je suis payée en dernier. Les gens pensent que les producteur­s gagnent beaucoup d’argent, mais il y a de grosses garanties à sortir. Moi, qui fais partie des anciens, j’ai eu le temps de me créer un capital. Mais ceux qui commencent maintenant ne pourront pas. »

La fin d’un monde ? Jackie Lombard porte un regard nostalgiqu­e sur le métier. Et les stars d’antan. Elle n’oubliera pas les folles virées au côté de Michael Jackson. « Une fois, il m’a demandé d’aller sur le toit de l’Opéra Garnier pour vérifier la légende, voir si les danseurs se cachaient vraiment pour fumer. Il a vu des têtes sortir et il était mort de rire. » Et ce jour où le roi de la pop a voulu aller faire des emplettes à la Fnac des Ternes ! « C’était un ou deux ans avant sa mort. Il était tellement heureux d’être assis par terre à choisir des films. Les gens n’en revenaient pas. Le lendemain, il m’a fait envoyer une gerbe de fleurs en me disant qu’il avait passé l’une des plus belles journées de sa vie. » Ah oui ? Elle ne peut pas oublier non plus le dessin qu’il lui avait fait juste avant sa mise en accusation pour pédophilie : un petit garçon recroquevi­llé, avec cette simple légende : « Avant de me juger, essayez de m’aimer très fort, de regarder au plus profond de votre coeur et demandez-vous : que savez-vous de mon enfance ? »

Maintenant qu’ils sont partis, que va-t-elle faire ? Une comédie musicale « que tout le monde voulait », et un film avec un « chanteur très connu qui risque de surprendre ». Quel sens du teasing, Jackie ! Elle sourit… puis redevient grave. « Et puis il y a ma fille… ( 19 ans, née aux Etats-Unis) qui chante à merveille. » L’album est pour bientôt. Elle a mis sur le coup le mixeur de Justin Bieber et le parolier américain LaShawn Daniels, celui qui a signé les tubes des Destiny’s Child. Et après ? Elle espère que son fils, 25 ans, reprendra le flambeau. Mais pas tout de suite. Jackie Lombard est comme ses artistes. « Ils mourront sur scène, moi aussi. » Paul McCartney en concert le 30 mai à AccorHotel­s Arena (Paris).

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 ??  ?? Nostalgie. Jackie Lombard et Lionel Richie. A dr., le dessin que Michael Jackson a réalisé pour elle, avant sa mise en accusation pour pédophilie.
Nostalgie. Jackie Lombard et Lionel Richie. A dr., le dessin que Michael Jackson a réalisé pour elle, avant sa mise en accusation pour pédophilie.

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