Crise politique
La révolution chaviste a conduit le pays à la faillite économique… et politique. L’opposition a remporté les législatives de décembre. Mais le Tribunal suprême de justice, composé de chavistes, annule toutes les décisions de la chambre. Le 15 janvier, le président Maduro a décrété l’état d’« urgence économique », qui renforce ses pouvoirs. L’opposition a recueilli des signatures pour promouvoir un référendum révocatoire contre Maduro. Le gouvernement tente de gagner du temps en ralentissant le contrôle des signatures. Si le référendum n’a pas lieu avant le 10 janvier 2017, en cas de victoire du « oui » à la révocation, Maduro serait remplacé par son vice-président, chaviste comme lui. Les 7 Vénézuéliens sur 10 qui souhaitent un changement de régime devraient alors attendre la présidentielle de 2019. Encore trois ans. Une éternité. Le sentiment d’impunité, alimenté par l’impuissance du système judiciaire, qui ne juge que 2 % des personnes arrêtées, s’est installé dans les barrios. »
Dans les bidonvilles 23 de Enero, Cementerio, El Valle ou La Cota 905, l’aristocratie du crime est représentée par la hampa (« la pègre »), qui dicte la loi dans les quartiers. Le pran est le boss à qui on peut s’adresser pour récupérer, contre argent sonnant, le butin d’un cambriolage. A condition que le cambriolage n’ait pas eu lieu le dimanche, jour où les « chiens », les soldats, agissent pour leur compte et non pour celui du clan. Mais la hampa préfère désormais la demande de rançon aux casses. Il y a eu 320 prises d’otage depuis le début de l’année…
Roulette russe. « Dans mon quartier du Cementerio, la hampa s’appelle “le 70”, raconte Marielys, femme de ménage. Toute la communauté sait qui ils sont. Ils enlèvent les otages en plein jour et remontent dans le barrio sans cagoule. La prise d’otage ne dure pas plus de deux jours. Si on ne leur donne pas l’argent demandé, ils tuent l’otage. » Marielys sait de quoi elle parle : son fils Anderson s’est fait assassiner à 23 ans pour une altercation. Et puis il y a les collectifs qui ont basculé dans le crime organisé. Pour sauver l’image de cette institution de la révolution, le régime vient de les rebaptiser « fondations ». « Il y a des flics et des militaires parmi eux, explique Marielys. Ils arrivent en commando pour tout rafler, y compris ce qu’il y a dans le frigidaire. » Enfin, il y a les malandros, voleurs à la tire ou braqueurs de magasins. Menus larcins, mais même violence que les criminels plus gradés. « La violence est une roulette russe où tu peux perdre n’importe quand, n’importe où », explique la journaliste Angelica Lugo.
« Ils m’ont surpris le soir alors que je garais ma voiture, se souvient l’économiste Rafael Munoz. Ils m’ont forcé à entrer chez moi, où ma femme et mon fils m’attendaient. Comme ils ont trouvé des dollars dans le coffre, ça ne s’est pas trop mal passé. Mais ceux qui ont braqué mon voisin l’ont tabassé pendant six heures et ont menacé de violer sa femme parce qu’ils ne