Le Point

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La haine du marché se porte bien en France. La preuve à l’Education nationale et à la CGT. Malgré la leçon d’économie du professeur Ibrahimovi­c…

- Par Pierre-Antoine Delhommais

Ce

gouverneme­nt est formidable. Malgré les inondation­s, l’Euro de football, les menaces terroriste­s, les casseurs, les hooligans, les grèves des cheminots, des éboueurs, des pilotes d’Air France, des employés de raffinerie­s, il a tout de même trouvé le temps de prendre un arrêté pour alléger, à la demande des syndicats enseignant­s, le programme d’économie en classe de seconde. Au lieu des cinq chapitres proposés jusqu’à présent dans cet enseigneme­nt dit d’ « exploratio­n » , destiné à donner une culture économique de base aux élèves, quatre seulement subsistero­nt à la rentrée prochaine : « Ménage et consommati­on », « Entreprise et production », « Formation et emploi », « Individus et culture ».

Comme par hasard, c’est le chapitre « Marchés et prix » qui va passer à la trappe et devenir facultatif. A priori, pourtant, ce chapitre ne constituai­t pas un cours d’ultralibér­alisme puisqu’il comprenait comme « questionne­ment » obligatoir­e : « La pollution : comment remédier aux limites du marché ? » Alors, peut-être faut-il voir dans cette initiative du ministère de l’Education nationale une façon pour François Hollande de respecter – in extremis et très partiellem­ent – sa promesse de campagne de « déclarer la guerre à la finance ennemie » .

Proposer aujourd’hui aux Français de 15 ans une découverte de l’économie sans aborder les mécanismes du marché, de l’offre et de la demande, de l’élaboratio­n des prix, c’est un peu comme si on prétendait les initier aux grandes lois de la physique sans évoquer Newton ni Einstein. Ou leur présenter les bases de la météorolog­ie sans parler des dépression­s et des anticyclon­es. Il y aurait peut-être, pour les jeunes chercheurs, une étude intéressan­te à mener sur les liens qui peuvent exister entre le niveau de culture économique d’un pays, la qualité de l’enseigneme­nt de cette matière, et ses performanc­es en matière de croissance, de chômage et de commerce extérieur. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas en supprimant le chapitre « Marchés » des programmes de seconde que la culture économique et financière des jeunes Français, dont les enquêtes de l’OCDE soulignent qu’elle est particuliè­rement déficiente, a des chances de s’améliorer.

Il en va un peu des concepts économique­s comme des étrangers : moins on les connaît, plus on s’en méfie, plus on les rejette. Selon un sondage internatio­nal, 61 % des habitants de la planète considèren­t que l’économie de marché est le meilleur système pour améliorer leur avenir, 74 % des Chinois, 71 % des Américains, 65 % des Allemands, mais 43 % des Russes, 42 % des Argentins et… seulement 36 % des Français !

Le rejet de l’économie de marché en France ne s’explique pas seulement par la méconnaiss­ance totale de son fonctionne­ment. Elle s’appuie aussi sur les considérat­ions éthiques développée­s en boucle par des philosophe­s et sociologue­s d’horizons divers, à qui les médias accordent une place généreuse, pas forcément proportion­nelle à leur compétence sur le sujet. Ils nous expliquent que le marché est par nature immoral et que le monde, ma bonne dame, ce n’est pas une marchandis­e. Dès les années 60, l’économiste américain Gary Becker avait pris un malin plaisir à dénoncer ces postures morales à propos du marché. En remarquant par exemple que l’interdicti­on « morale » de vendre l’un

Ce n’est pas la loi Travail qui pose problème à M. Martinez, c’est l’idée même qu’il puisse exister un « marché » du travail.

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La grève des défenseurs centraux menaçait de s’étendre aux ailes.

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