En Estonie, une rampe pour l’Histoire
La valeur n’attend pas le nombre des années. Dan Dorell, Lina Ghotmeh et Tsuyoshi Tane, le jeune trio de l’agence DGT, viennent de remporter le Grand Prix Afex 2016 de l’architecture française dans le monde, décerné à l’unanimité du jury. Leur performance ? Le nouveau Musée national estonien, qui ouvrira en septembre à Tartu, la capitale culturelle et universitaire de ce petit pays de 1,3 million d’habitants lové au bord de la mer Baltique. Sacrément gonflés, les architectes se sont écartés de la commande initiale et ont choisi de poser ce lieu de mémoire là où on ne l’attendait pas. Le vaste édifice de 36 000 mètres carrés, qui se fond littéralement dans le paysage, s’inscrit en effet dans l’axe d’une ancienne base aérienne de l’armée soviétique, vestige d’une histoire douloureuse. « La toiture en légère pente qui coiffe le musée décolle peu à peu du sol pour prolonger la piste vers un espace infini », commentent ses maîtres d’oeuvre. Ce geste architectural entend symboliser ainsi l’envol de l’Estonie, république indépendante depuis 1991 après plusieurs siècles d’occupation (Suède, Allemagne, Russie…). A l’une des deux entrées, une haute canopée invite les visiteurs à pénétrer au coeur de cet édifice en béton bardé de façades de verre sérigraphié ornées de flocons de neige reprenant les motifs traditionnels des pulls estoniens. Au menu des activités du site : salles d’expositions permanentes et temporaires, collection d’archives rassemblant 150 000 objets ethnographiques, bibliothèque, auditorium, théâtre, cinéma, café, restaurant