Ce théologien prône une lecture ouverte des écrits religieux.
Ludovic-Mohamed Zahed transgresse l e s t a b o us a v e c une c o ns t a nc e déconcertante. Bien que musulman, il est aussi homosexuel, séropositif, marié avec un imam défroqué… dont il a depuis peu divorcé. Une reconversion inattendue pour un jeune homme ayant appris et étudié le Coran chez les salafistes algériens. « Des garçons comme moi, il y en a dans toutes les madrasas » , confie ce doctorant en anthropologie, installé en France depuis l’âge de 17 ans. Homosexuel et musulman ? Pas de problème. « Si le prophète Mahomet était vivant, il marierait des couples homosexuels » , affirme le jeune homme, en s’appuyant sur des références théologiques et des interprétations du Coran à faire pâlir un salafiste. « Les femmes du Prophète accueillaient des hommes qualifiés d’efféminés, utilisant du henné et n’éprouvant pas de désir pour elles, qui en retour ne se voilaient pas devant eux. Le Prophète les a accueillis alors qu’ils étaient rejetés. Ce faisant, il défendait le droit à vivre de ces gens que l’on qualifierait de transgenres », explique-t-il. Ludovic-Mohamed considère que les textes religieux ne sont pas intrinsèquement homophobes, à l’inverse de ceux qui les interprètent : « L’islam n’a pas à être réformé, mais ce sont nos représentations qui doivent changer, avance-t-il. Il existe un contresens très répandu qui invoque l’épisode de Sodome et Gomorrhe pour justifier la condamnation religieuse de l’homosexualité. Dans ces 70 versets, des patriarches violent leurs congénères. Ce sont ces viols rituels qui sont condamnés, pas l’homosexualité. »
Sa vision ne correspond pas exactement aux standards en vigueur. Pas plus que sa pratique religieuse. Il se marie civilement en Afrique du Sud avec un ancien pensionnaire de madrasa et fait bénir leur union à leur retour en France. Fondateur de l’association des Homosexuels musulmans de France (HM2F), il bénit à son tour en 2012 l’union de deux lesbiennes iraniennes à Stockholm. Les religieux algériens s’étranglent et appellent à punir l’effronté « par le glaive » et à le déchoir de sa nationalité. Il se déclare alors imam de la première « mosquée inclusive » de France, accueillant femmes et homosexuels dans une même salle de prière. Depuis deux ans, Ludovic-Mohamed Zahed a passé les rênes de son association et prêche partout où il est invité en Europe, faisant mine d’oublier que sa tête est mise à prix