Stéphane Martin : « Habiter plus intelligemment la planète »

Le Point : Jacques Chirac, totem du musée ? Stéphane Martin :

Nous voulions rendre hommage à notre fondateur. Et présenter une radiographie intellectuelle et culturelle des époques qu’il a traversées. A partir de dates clés de l’histoire contemporaine, le visiteur va découvrir comment Jacques Chirac a réfléchi et construit sa vision du monde. Mieux comprendre, aussi, comment cet homme s’est forgé des convictions à contre-courant de celles qui étaient alors qualifiées de dominantes. Les 10 ans du musée sont l’occasion de rappeler que son engagement est le reflet d’une histoire, celle de la révolution du regard du monde occidental sur les cultures lointaines, longtemps ignorées, souvent méprisées.

Que retenez-vous de ces dix années ?

Avec 1,3-1,5 million de visiteurs annuels, le musée du Quai-Branly a trouvé son public. Pour « Tatoueurs, tatoués », en 2014, nous avons accueilli 750 000 visiteurs, qui découvraient pour la première fois le musée à cette occasion, en tee-shirt et portant tatouages. Les habitués, eux, étaient venus pour « Mayas ». Ce qui est frappant, au Quai-Branly, c’est ce mélange de visiteurs qui se croisent. En peu de temps, nous sommes aussi devenus l’un des musées français de référence en coopération internationale, notamment comme premier partenaire des musées chinois. Notre exposition « Fleuve Congo » a été la première exposition d’art africain présentée dans des musées en Asie. Face aux bouleversements climatiques, démographiques, géopolitiques, je crois qu’il y a une demande forte de clés de compréhension du monde qui nous entoure. C’est dans ce contexte que le musée du Quai-Branly s’est développé : comprendre les autres cultures, c’est aussi, peut-être, habiter plus intelligemment la planète

Première. Le président Jacques Chirac inaugure le musée du Quai-Branly, le 20 juin 2006, en présence de Stéphane Martin (à droite).