« J’aime bien Finkielkraut, je le trouve émouvant parce qu’on a l’impression qu’il veut sauver la France à lui tout seul. »
ce texte publié dans la revue « Genius Loci » en 1992, « Approches du désarroi », où vous éreintez le libéralisme : « Le libéralisme promettait dans l’immédiat des efforts et des souffrances, reléguant à une ou deux générations de distance l’arrivée du bien général. Un tel mode de raisonnement avait causé suffisamment de dégâts tout au long du XXe siècle. » Vous ne voyez pas, comme tout le monde en France, un sauveur dans le libéral Emmanuel Macron ?
Je suis en train d’essayer de me faire une opinion sur la vision politique d’Emmanuel Macron, donc je vais passer mon tour sur cette question. Mais je soupçonne que, si on le qualifie de « libéral », c’est surtout une simplification malveillante. Plus généralement, d’ailleurs, je trouve que les débats sur le libéralisme, l’austérité, la dépense publique… sont effroyablement simplistes. Je suis persuadé que les Français sont à certains égards plus libéraux que leurs dirigeants, à d’autres égards moins. Qu’il y a des dépenses publiques qu’ils souhaiteraient augmenter et d’autres qu’ils souhaiteraient réduire.
Alors, lesquelles ?
Mon point de vue n’est pas le problème. Mais je pense qu’on devrait tenir compte de l’opinion de la population et, pour la connaître, il faut la demander. Les gens devraient avoir un bulletin d’une vingtaine de lignes où ils indiqueraient des pourcentages. Où voulez-vous qu’on mette l’argent ? 30 % pour un tel dans l’Education nationale, 2 % dans l’armée, etc. Ensuite, on fait la moyenne de tous les avis.
Vous préconisez donc la fin des experts ?
Oui. Le savoir des experts ne vaut rien. La population dans son ensemble prend de meilleures décisions qu’un collège de représentants. Il n’y a pas d’élite éclairée.
Vous êtes allé voir Nuit debout, comme Alain Finkielkraut ?
Oui, j’y suis allé la même nuit que Finkielkraut. Mais plus tard, à 3 heures du matin, alors qu’il n’y avait plus personne, sauf quelques alcooliques résiduels. J’y suis allé avec des copains pour voir si c’était aussi démocratique que ça en avait l’air. Au départ, rendre la parole au peuple, faire advenir une forme de démocratie directe, ça me plaisait bien, la volonté de ne pas avoir de leader me paraissait très sympathique, mais j’ai l’impression que ça a été parasité par la racaille gauchiste…
Vous vous considérez comme un intellectuel ?
Pas tout à fait, un intellectuel a un rôle social défini. D’abord, il publie des essais et il fait des tribunes dans