Le Point

De Pretoria au Cap, un voyage inoubliabl­e à bord du Rovos Rail, véritable palace roulant.

- PAR CHRISTOPHE MIGEON

Il est présent sur le quai à chaque embarqueme­nt : un grand homme élancé aux cheveux blancs avec un air d’aristocrat­e exotique tanné sous les tropiques qui remercie chaque passager d’avoir choisi le Rovos et lui souhaite bon voyage. Il serait mal venu de lui confier sa valise ou de lui donner un pourboire : Rohan Vos est le fondateur de cette compagnie de trains de luxe, un passionné de mécanique qui, en 1987, décide de remettre sur les rails ces palaces roulants de l’entre-deux-guerres à bord desquels on découvrait l’Afrique et ses mystères une coupe de champagne à la main. Les premières voitures d’époque, rachetées à la compagnie ferroviair­e sud-africaine ou à des collection­neurs privés, étaient en bois. « Ces vieilles dames grinçaient de partout, explique Gareth, le fringant chef de train. Montées sur des ressorts, elles donnaient le mal de mer ! En 1994, elles ont été remplacées par des wagons des années 70, métallique­s et à suspension hydrauliqu­e. » Tous ont été restaurés et aménagés afin de réaliser « l’alliance entre l’opulence d’un temps révolu et les innovation­s subtiles de la modernité ». De fait, la cabine aux panneaux d’acajou transporte illico son locataire dans l’atmosphère délicieuse­ment désuète des années victorienn­es. Les appliques électrique­s en porcelaine, les abat-jour fleuris dans le style Art nouveau, le couvre-lit damassé comme chez mémé… Rien ne manque, si ce n’est peut-être la nostalgie éthérée d’un parfum de violette.

Difficile de se perdre dans un train. En queue de convoi, dans une ambiance Radio classique, la « lounge car » cultive la tradition du thé de 17 heures entre tartelette­s aux framboises et jeu de Scrabble. Il faut voir avec quelle maestria Rohan, colosse de 1,95 mètre que l’on croise avec difficulté dans les

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