Le Point

Le fils prodige prend son envol

Avec Ilan Chetrite invente un prêt-à-porter bien coupé et accessible.

- MARINE DE LA HORIE

L’aventure Sandro, c’est avant tout une histoire de famille. Evelyne Chetrite et sa soeur Judith Milgrom (qui lancera plus tard la marque Maje) ont la mode dans le sang. Elles-mêmes filles de tailleurs, elles en connaissen­t toutes les ficelles. Quand Sandro naît, en 1984, le but est de proposer un vestiaire féminin, juste et moderne.

Ilan, le fils d’Evelyne, grandit au milieu des rouleaux de tissu. « Sandro, c’était un peu un grand frère pour moi. Mes sorties consistaie­nt à aller voir mes parents à leur bureau. J’ai fait très tôt connaissan­ce avec les tissus », s’amuse le créateur chic.

Il a bien essayé d’échapper à son destin, mais sans succès… « Naturellem­ent, j’ai voulu m’écarter de ce milieu et couper le cordon en étudiant l’économie et la gestion à Dauphine. Je me voyais derrière un bureau à faire de la finance. Mais la société familiale a commencé à grossir. J’avais envie de faire partie de l’aventure », reconnaît le jeune homme.

L’idée d’une ligne masculine germe dans son esprit en 2008, alors qu’il travaille le week-end dans la boutique du Marais et entend les maris de ses clientes regretter qu’il n’y ait pas de vêtements pour eux. Il en parle à sa mère, qui lui donne carte blanche pour assurer la direction artistique et ouvrir des boutiques dédiées. Si Sandro compte aujourd’hui 480 points de vente dans le monde, la ligne homme est distribuée dans 170 boutiques et corners.

« J’ai voulu créer une garde-robe de produits désirables et bien coupés que l’on s’approprie facilement. Pas des produits expériment­aux comme une veste à quatre manches », lâche ce grand brun racé.

Résultat, Sandro Homme trouve très vite son public, séduit par des collection­s pointues qui mélangent des pièces à la fois chics, sport, panachées de touches un peu rock.

A qui pense Ilan quand il dessine ses collection­s ? « Ceux qui m’inspirent ne s’encombrent pas de choses inutiles. Ils ne font pas d’efforts mais dégagent un chic et une certaine élégance, sans donner l’impression qu’ils ont passé deux heures à s’habiller », décrypte le jeune père en évoquant son grand-père, toujours tiré à quatre épingles.

Pour Ilan Chetrite, qui, ado, rêvait d’être trader – « Charlie Sheen dans “Wall Street” » –, l’épopée de Sandro au masculin est une bien belle trajectoir­e esquiss é e . On peut di r e que l e banquier contrarié est aujourd’hui un créateur comblé

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