Le Point

Après l’Egypte et le Qatar, Dassault a vendu à l’Inde son avion de combat. Voici tous ses secrets de fabricatio­n.

- PAR ANDRÉ TRENTIN

Champagnec­hezDassaul­t !Après huit longues années de tractation­s, l’Inde a passé commande, le 23 septembre, de 36 Rafale pour un montant de 8 milliards d’euros. Ainsi se poursuit la martingale gagnante du Rafale à l’exportatio­n, entamée avec la vente à l’Egypte de 24 appareils en février 2015, suivie de 24 autres au Qatar en mai 2015. Dassault Aviation regarde déjà ailleurs, de la Belgique à la Malaisie, en passant par les Emirats. Tout en n’excluant pas de conclure d’autres marchés avec l’Inde… Quel paradoxe ! Dassault enchaîne les succès alors que son patriarche Serge se trouve, à 91 ans, englué dans de lourdes affaires judiciaire­s pour fraudes électorale et fiscale. Et dire qu’avec ses idées ancrées à droite toute le vieux sénateur doit sa bonne fortune à un gouverneme­nt de gauche. S’il le pouvait, il dresserait une statue à Jean-Yves Le Drian, présent à New Delhi pour la signature du contrat d’Etat à Etat : « Le meilleur ministre de la Défense qu’on ait jamais eu. » Oubliés les énormes ratés (Maroc, Brésil…) de la war room de Sarkozy. Dans « l’équipe France » maintenant, d’un côté Hollande, Le Drian et le ministre des Affaires étrangères discutent politique et défense avec les gouv e r n e ment s . De l ’ a u t r e , l e s hommes de Dassault et ses partenaire­s industriel­s parlent vis, boulons et gros sous. « Ce qui est à l’Etat est à l’Etat, ce qui est à l’industrie est à l’industrie », résume Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation.

Avec l’Inde, premier client militaire à l’étranger de Dassault – elle lui acheta des Ouragan en 1953 –, se poursuit l’incroyable saga de l’unique société familiale au monde à produire des avions de combat. Un Petit Poucet au chiffre d’affaires riquiqui (4,2 milliards d’euros) par rapport aux colosses américains comme Boeing (86 milliards) ou Lockheed Martin (41) qui produit des séries limitées (264 appareils jusqu’ici pour le Rafale contre 3 000 pour le F-35, dernier né américain). N’empêche que l’avion de Dassault est made in France à presque 100 %. Ce qui n’est pas le cas de son jet d’affaires, le Falcon (50 % d’éléments étrangers). Avantage de cette indépendan­ce technologi­que, elle dispense d’autorisati­ons pour vendre à l’étranger – comme Airbus vient de le requérir pour l’Iran. Plus concrèteme­nt : les Suédois de Saab ne peuvent vendre à un autre pays leur chasseur, le Gripen, sans l’aval des Américains qui fournissen­t des éléments clés (moteurs, commandes de vol…). L’autonomie permet aussi de coller aux besoins particulie­rs des armées françaises comme celui – ce n’est pas un détail – d’emporter l’arme nucléaire. Avec le Rafale, la France fait partie, avec les Etats-Unis et la Russie, du club fermé des pays qui peuvent fabriquer un avion de combat de A à Z, la Chine étant

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