Le message de l’Ouest

L’antiaméricanisme est un indice très fiable de bêtise en politique. Les Etats-Unis, dont les pères fondateurs étaient pétris de la philosophie des Lumières, sont nos frères en liberté comme en armes. L’oublier serait renier notre histoire, nos racines. Il faut bien reconnaître cependant que nos amis tremblotent, ces temps-ci. Que Donald Trump soit élu président des Etats-Unis en dit long sur la névrose qui touche désormais tout l’Occident. Jusqu’ici, l’Amérique, plus forte, plus confiante, était un roc. L’ancre du monde libre. Elle l’est toujours, mais un peu moins. Washington a déjà fragilisé sa position dans le monde à cause des choix désastreux de deux présidents, George W. Bush en Irak, et Barack Obama, qui a – entre autres – soutenu l’islamiste Morsi en Egypte et l’apprenti dictateur Erdogan en Turquie. Seize années d’errements et un coup de tonnerre trumpien devraient nous faire réfléchir. La résilience américaine est certes un fait éprouvé. Et on peut avec quelques arguments attendre de la présidence Trump moins d’imbécillités que sa campagne n’en a montré. La duplicité de l’impétrant, en l’espèce, est un motif d’espoir. Mais vivre dans la peur de voir l’action de ce charlatan venimeux suivre son verbe n’est pas réjouissant. La généreuse protection dont nous a fait bénéficier l’Amérique, se chargeant pour nous de veiller sur le monde pendant soixante-dix ans, n’offre plus la même garantie. « Lorsque vous arrivez au bout de votre corde, faites un noeud et accrochez-vous à lui », disait Roosevelt. Notre noeud s’appelle l’Europe. Son PIB est supérieur à celui des Etats-Unis et son poids politique, dérisoire. Le continent ressemble à un gros bébé joufflu incapable de se prendre en main. Il est temps de le faire passer à l’âge adulte. Evidemment, tout cela fatigue à l’avance : accorder les clochers, mettre des fiertés en sourdine et dépenser des sommes folles pour avoir les moyens militaires de ses opinions politiques… Mais quelqu’un a-t-il une autre idée qui permette de ne pas passer des nuits à guetter, tels des sismologues, les éruptions trumpiennes ? Ou à interpréter, en spectateur désengagé, le résultat du congrès du Parti communiste chinois ?