Stop au nicorandil
Interdire définitivement et complètement un médicament est, en France, un défi autrement plus énorme que faire le tour du monde à la voile sans escale et sans assistance ! On vient de vérifier la dépendance de l’Hexagone aux pilules avec la décision prise par la ministre de la Santé de continuer à rembourser les quatre médicaments anti-alzheimer sur le marché (Aricept, Ebixa, Exelon, Reminyl et génériques). Pourtant, ceux-ci sont considérés depuis des années par bien des spécialistes comme inutiles et dangereux (Le Point du 14 février 2013), et la Haute Autorité de santé, l’agence publique chargée d’évaluer les produits médicamenteux, vient d’estimer leur intérêt médical insuffisant pour justifier leur prise en charge financière par la solidarité nationale. Plusieurs syndicats médicaux estiment qu’il serait plus efficace de consacrer cet argent à l’accompagnement des aidants de ces patients. Mais Marisol Touraine, répondant au souhait de l’association France Alzheimer, qui regroupe des proches de malades, préfère maintenir ces médicaments sur le marché.
Même aveuglement avec une molécule prescrite contre une maladie cardiaque courante, l’angine de poitrine. Le nicorandil, commercialisé sous les appellations Adancor ou Ikorel, entre autres, est sur le marché en France depuis vingt-deux ans. Il dilate les vaisseaux sanguins, si bien qu’il calme les douleurs thoraciques des patients dont les artères coronaires, qui irriguent le muscle cardiaque, sont encrassées et bouchées, mais il ne réduit pas le risque d’infarctus du myocarde ou de mort par maladie coronarienne. Or le nicorandil a de sévères effets indésirables : graves ulcérations de la peau ou des muqueuses, aux niveaux digestif, génital, oculaire, buccal, lingual, pharyngé, anal, nasal. Ils frappent essentiellement des patients âgés. Le diagnostic iatrogénique de ces ulcères et fistules est généralement retardé de plusieurs années, a constaté le pharmacologue Philippe Tréchot, auteur de plusieurs publications sur le sujet, de telle sorte que des gestes chirurgicaux inappropriés sont effectués. Le seul traitement est de cesser de prendre ce médicament. Des patients sont même décédés à la suite d’une perforation d’organe. Le Bulletin d’information de pharmacologie BIP31 et la revue Prescrire recommandent de ne plus prescrire le nicorandil, d’autant qu’il existe de nombreux produits de substitution, et de le retirer du marché photomètre a identifié du fer, du nickel et du phosphore. Baptisée Egg Rock, elle provient du coeur d’un astéroïde qui s’est fragmenté voilà des dizaines de millions d’années.