On ne peut plus prendre Donald Trump pour un clown. Il est désormais le 45e président des Etats-Unis. Enquête sur un choc qui en dit long sur l’état des démocraties occidentales.
Nous sommes le 20 janvier 2017, et Donald Trump vient d’être déclaré président des Etats-Unis au cours d’une cérémonie un peu différente des investitures précédentes. La passation des pouvoirs se déroule non pas en plein air devant le Capitole, mais plus loin, dans un des salons dorés de son hôtel sur Pennsylvania Avenue. Il a tenu à prêter serment non pas sur la Bible mais sur son best-seller, « L’art du deal ». Avant de se lancer dans un discours improvisé dans lequel il a annoncé qu’il allait raser la ringarde Maison-Blanche afin de la remplacer par une tour de 45 étages, lancer « Miss White House », un concours pour sélectionner les stagiaires, et installer un distributeur de désinfectant pour les mains dans le Bureau ovale, car il a la phobie des microbes. Accessoirement, il a ajouté qu’il se retirait de l’Otan, organisation « obsolète », et comptait ériger un buste de Vladimir Poutine à l’entrée du Congrès.
Fantaisies absurdes ? Si seulement… Au terme de l’une des plus bizarres et des plus violentes campagnes présidentielles de l’Histoire, Donald Trump vient donc contre toute attente, à 70 ans, d’être élu 45e président des Etats-Unis. Et l’Amérique est sous le choc, à peu près aussi groggy que la Grande-Bretagne après le vote du Brexit. C’est comme si un Martien avait débarqué dans le Bureau ovale. Et pas n’importe quel Martien. Un extraterrestre orange qui peut se targuer d’un taux d’impopularité record et déchaîne des critiques. « Trump n’est ni normal ni stable. Il est dangereux pour notre pays », a écrit E. J. Dionne, un chroniqueur habituellement modéré. Tony Schwartz, le nègre de « L’art du deal », qui l’a beaucoup fréquenté et s’en veut de l’avoir présenté comme un génie des affaires, est encore plus virulent : « Trump ne ressemble à aucun modèle d’être humain que j’ai rencontré. Il était obsédé par la publicité, le besoin d’attention du public, une faim