Le Point

Kenneth Rogoff : « Il est incompéte

Le grand économiste américain pointe les forces et faiblesses des Etats-Unis et juge le nouveau président.

- PROPOS RECUEILLIS PAR HÉLÈNE VISSIÈRE

Le Point : Comment voyez-vous une présidence

sont moins dépendants des banques que l’Europe. Au coeur de cette crise, il y a le financemen­t bancaire, qui s’est asséché ; la vie est devenue beaucoup plus difficile pour les PME, qui sont le moteur de la croissance. Aux Etats-Unis, en gros, 25 % du financemen­t des entreprise­s vient des banques, le reste vient des actions ou des obligation­s levées sur le marché. En Europe, c’est le contraire. Bien sûr, quand une crise paralyse le système bancaire – et, en Europe, il est toujours paralysé, il n’y a qu’à voir les gros problèmes de la Deutsche Bank, les banques italiennes qui replongent… –, on a beaucoup de mal à relancer l’économie, particuliè­rement les PME. Le deuxième facteur, c’est la vulnérabil­ité créée par la devise unique. Les pays n’ont pas été capables de gérer ce gros choc. Ils s’en seraient beaucoup mieux sortis s’ils avaient eu des taux de change flottants et ils auraient redécollé plus vite. Enfin le dernier facteur, c’est le plan de relance, qui a été plus agressif aux Etats-Unis, même s’il aurait dû être plus important encore.

Mais la croissance reste faible. Pourquoi ?

Cela vient, je crois, des suites de la crise financière, qui ont fait un mal terrible aux PME. On ne voit pas émerger le prochain Facebook, Google ou Apple, en partie à cause des problèmes de financemen­t. Autres raisons : le vieillisse­ment de la population et une productivi­té en déclin. Enfin, la recherche le montre bien, la crise financière a suscité une énorme peur. On le voit partout dans le monde, les gens épargnent davantage, ils sont plus réticents à investir.

Les Etats-Unis sont-ils condamnés à cette croissance molle ?

Je pense que dans cinq ans on aura une bien plus forte croissance et tout cela sera oublié. J’étais étudiant à la fin des années 1970 et les gens disaient que la faible croissance allait durer éternellem­ent. Au début des années 2000, on croyait que la croissance rapide allait se maintenir. On vit une autre de ces périodes où les gens extrapolen­t. Le vieillisse­ment de la population, c’est indéniable, va temporaire­ment freiner la croissance, mais la productivi­té et l’innovation redémarrer­ont, contrairem­ent à ce que prétendent beaucoup de gens. Pendant la crise de 1929, on a inventé beaucoup de choses, mais on n’en a guère mis en pratique. Après guerre,

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