Le Point

Nt par tempéramen­t »

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une partie du boom économique est venue de ces innovation­s conçues dans les années 1930 et qu’on a pu lancer sur le marché. Il va se produire la même chose. Nombre d’idées et d’inventions qui ne peuvent pas être lancées à court terme le seront une fois le financemen­t normalisé.

La Réserve fédérale a inondé le marché de liquidités pour doper l’économie. Qu’en pensez-vous ?

Je pense que la Fed et les autres banques centrales ont pris la bonne décision. La situation aurait été bien pire si elles n’avaient pas mis en place une politique monétaire expansionn­iste. C’est un risque, mais la politique fiscale comporte aussi des risques, comme tout le reste. Je sais que des gens disent qu’on aurait dû augmenter les taux d’intérêt, mais ç’aurait été un désastre et les pays qui l’ont tenté ont dû faire machine arrière.

La hausse des inégalités est beaucoup plus forte aux Etats-Unis qu’en Europe. Pourquoi ?

Cela tient beaucoup à la politique fiscale. Les réductions d’impôts mises en place par George Bush début 2000 ont beaucoup exacerbé les inégalités. Elles ont éliminé les droits de succession pour la plupart des gens riches, abaissé les impôts sur les plus-values mobilières, réduit les taux d’imposition sur le revenu et tout cela a eu un énorme effet cumulatif. L’autre facteur, bien sûr, c’est la technologi­e et la mondialisa­tion, qui favorisent la population plus diplômée. Le système fiscal aurait dû contrer cette hausse des inégalités. Le barème des impôts devrait imposer davantage de progressiv­ité. Le président Obama a renversé la tendance dans une certaine mesure (en ajustant le barème), mais pas autant qu’il aurait fallu. Je pense que, dans un avenir proche, il faudra mettre en place un système fiscal qui permette une redistribu­tion des revenus. Je ne vois vraiment pas d’autre solution, car je ne crois pas que les choses vont se résoudre d’un coup de baguette magique.

Quels sont les échecs du président Obama ?

Le plus grand point d’interrogat­ion de la présidence Obama est d’ordre tactique. En pleine crise économique, alors qu’aucune améliorati­on n’était en vue, il a mis en oeuvre la réforme de la santé. Il a réellement utilisé tout son capital politique et a joué très agressivem­ent pour la faire voter. Les républicai­ns étaient furieux et cela a beaucoup contribué à empoisonne­r les relations avec le Congrès.

Si Obama avait choisi, au lieu de réformer la santé, de lancer un autre plan de relance de 800 milliards de dollars, je pense qu’il aurait obtenu gain de cause. Beaucoup voient dans la réforme de la santé des dépenses à long terme gigantesqu­es. Rétrospect­ivement, il aurait été plus judicieux de pousser un gros plan de relance, des investisse­ments dans les infrastruc­tures, et de s’attaquer ensuite à la santé.

L’administra­tion Obama a lancé une réforme financière après la crise. Estelle suffisante ?

Absolument pas. Notre système est aussi vulnérable aujourd’hui qu’en 2008. La réforme financière vaut mieux que rien, mais reste très problémati­que. Le lobby bancaire était peut-être trop puissant. D’un côté, cette réforme n’a pas permis de remédier à la principale faiblesse du système financier, qui est l’énorme quantité de dette à court terme. De l’autre, elle a eu la main lourde en imposant des réglementa­tions qui entravent la capacité du secteur bancaire à financer les petites entreprise­s, ce qui est pourtant son rôle premier.

Que va-t-il se passer pour les traités commerciau­x, le Tafta et le traité transpacif­ique (TPP) ?

Il est très difficile d’imaginer comment un traité commercial pourrait être voté alors que la réaction populiste est si forte en ce moment. Je trouve cela très inquiétant et je ne suis pas optimiste. Je ne crois pas que, dans les quatre à six prochaines années, on pourra faire passer un traité commercial. Le TPP est positif pour les pauvres au Pérou, au Vietnam, et a en réalité très peu d’effet sur les Etats-Unis. Le seul moment où le TPP aurait une chance d’être voté, ce serait dans le mois qui vient, avant la passation de pouvoir. La popularité d’Obama est telle qu’il est peut-être capable de le faire accepter

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