Ce patron a libéré ses salariés
Moins de hiérarchie, plus de responsabilités pour les équipes : dans sa société, Onepoint, David Layani applique le principe de l’« entreprise libérée ». Fantasme ou avenir ?
Difficile d’imaginer, en poussant la porte du siège de Onepoint, en plein 16e arrondissement de Paris, que l’on pénètre dans une entreprise internationale de services numériques de 1 800 salariés dans le monde. On se croirait plutôt débarqué dans une start-up. Après avoir traversé la cour intérieure, on arrive dans une immense pièce, à la hauteur de plafond impressionnante, avec cuisine américaine. Là, on croise deux personnes en plein entretien d’embauche fort peu confidentiel. Plus loin, un groupe planche sur des tableaux blancs griffonnés en anglais. Un homme participe aux débats affublé d’un masque de… singe. Mais où sont les bureaux, les vrais ? Onepoint, qui accompagne les entreprises et les administrations dans leur transformation numérique, consacre la moitié de ses nouveaux locaux au travail collaboratif. Inaugurés en juin lors d’une soirée qui s’est terminée sur une piste de danse installée sur une vaste terrasse au dernier étage avec vue imprenable sur la tour Eiffel, ils font la fierté de David Layani. A 37 ans, ce jeune dirigeant aux allures de start-upper californien, qui a fondé Onepoint en 2002, a fait de cet investissement de 20 millions d’euros le symbole de la profonde mutation de son entreprise.
Tout a commencé en octobre de l’année dernière. David Layani annonce à ses collaborateurs médusés sa volonté de revoir l’organisation de fond en comble. Terminée, la structure hiérarchique traditionnelle. Le PDG veut libérer Onepoint de ses rigidités. C’est que, depuis le rachat d’un rival (Vision IT) en 2015, la société a doublé de taille. « Il fallait réussir à réunir les équipes pour qu’elles travaillent ensemble. » Sa stratégie s’inspire du modèle d’ « entreprise libérée » décrit par Isaac Getz dans un livre référence publié en France en 2012, « Liberté & Cie. Quand la liberté des salariés fait le bonheur des entreprises » (1). Pour ce professeur à l’ESCP Europe, une société se « libère » lorsque « les salariés disposent de la liberté et de l’entière responsabilité d’entreprendre toute action qu’eux-mêmes estiment la meilleure pour la vision de l’entreprise ».
Popularisé par un documentaire diffusé sur Arte en 2014, intitulé « Le bonheur au travail », le concept a séduit nombre de PME, tels les magasins et restaurants Scarabée Biocoop, la biscuiterie Poult, Chrono Flex (flexibles hydrauliques), Favi (boîtes de vitesses), mais pas seulement… Sans aller jusqu’à « libérer » totalement leur organisation, de grands groupes comme Danone ou Michelin tendent aussi à redonner des marges de manoeuvre à leurs salariés. Impossible, cependant, de