Non, Trump n’est pas le candidat de l’antisystème !
Le capitalisme est consacré. Mais peut-on gérer un Etat comme une entreprise ?
Il faut tout de même l’imagination débridée et déformée d’une Marine Le Pen ou d’un Jean-Luc Mélenchon pour voir dans la victoire de Donald Trump une défaite du « système ». Pour interpréter l’élection du patron d’un conglomérat implanté sur tous les continents avec ses hôtels de luxe, ses casinos et ses parcours de golf, d’un groupe lourdement endetté auprès des plus grandes banques internationales, comme la preuve flagrante d’un rejet massif et décisif par les Américains du capitalisme financier et de la mondialisation libérale. Pour voir dans l’élection d’un milliardaire voyageant à bord de son propre Boeing 757 un symbole de leur haine soudaine des ultrariches et un signe évident que la lutte contre les inégalités est devenue pour eux la priorité absolue.
Il est plus naturel et cohérent d’y voir un vote, non de contestation, mais au contraire d’adhésion totale audit « système » avec le choix d’un homme qui a su en tirer pleinement profit. L’envolée de Wall Street au lendemain de la victoire du candidat républicain va d’ailleurs dans ce sens. A l’évidence, les gérants de hedge funds ne craignent pas de dérive socialisante ou antilibérale dans la politique économique des Etats-Unis. La victoire de Trump apparaît plutôt comme une volonté de réhabiliter le rêve américain, de refaire fonctionner à plein régime la machine à fabriquer des richesses et des riches. Ce n’est pas un homme politique que les Américains ont élu, ce n’est pas un président qu’ils ont désigné, mais un PDG, un brillant businessman, un winner, à la tête d’une fortune estimée à 4,5 milliards de dollars par le magazine Forbes, et à 10 milliards de dollars par lui-même !
Etre milliardaire en France est considéré comme un péché mortel, aux Etats-Unis cela les absout tous, ceux de luxure, de mensonge, de vulgarité, d’orgueil et d’ignorance. Au pays où l’argent est une religion encore plus puissante que toutes les autres, figurer sur la liste des personnalités les plus riches du pays vous élève vers la sainteté. Quand en France il est peuplé d’hommes politiques et d’écrivains, le panthéon des grands hommes américains abrite sans états d’âme les milliardaires, les Cornelius Vanderbilt, Henry Ford, Andrew Carnegie, John Rockefeller. Il est à ce propos permis de penser que le résultat de l’élection aurait peut-être été différent si Hillary Clinton avait choisi de faire tandem, comme elle l’avait visiblement envisagé à un moment, selon les révélations de WikiLeaks, avec Bill Gates. Face au fondateur de Microsoft et à l’homme le plus
Ce n’est pas un président qui a été élu, mais un businessman, un milliardaire, un « winner ».