Le Point

Après le Brexit et l’élection de Trump, ce qui se joue à la primaire de la droite et du centre est décisif. Enquête et analyses.

- PAR LAURELINE DUPONT, SÉBASTIEN LE FOL ET LE SERVICE POLITIQUE

«L ’élection de Donald Trump est la confirmati­on d’une tendance de fond : nous assistons à la disparitio­n du surmoi qui encadrait la vie politique dans les démocratie­s occidental­es. (…) Des propos de bistrot déversés sur les réseaux sociaux peuvent désormais permettre à un homme politique de remporter une élection majeure. » Le constat, sans appel, est signé Marcel Gauchet, philosophe qui scrute depuis quarante ans l’évolution de la démocratie (voir entretien page 36).

Des propos de bistrot ? C’est un euphémisme dans le cas de Donald Trump, qui a battu tous les records en matière d’outrance et de mensonge. Selon Matthew Jordan, professeur américain spécialist­e des médias, qui cite PolitiFact, « plus de 70 % des affirmatio­ns de Trump durant sa campagne ont été “plutôt fausses”, “fausses” ou “archifauss­es”, contre 26 % pour Hillary Clinton. » Le candidat républicai­n n’a pas manqué une occasion de dénigrer les statistiqu­es qui lui étaient opposées, expliquant qu’il n’y avait rien de plus facile à manipuler que des chiffres.

Trump a su habilement surfer sur le complotism­e ambiant. Mais il n’est pas le premier. En juin, les partisans du Brexit, en Grande-Bretagne, n’avaient reculé devant aucune énormité. On se souvient de la polémique lancée par Boris Johnson sur la courbure des bananes prétendume­nt imposée par une Europe certes bureaucrat­ique et normative, mais pas à ce point. Johnson a accusé l’Europe de se comporter « comme Hitler ». Au lendemain de la victoire du « Leave », l’un de ses thuriférai­res les plus tonitruant­s, Nigel Farage, patron du parti souveraini­ste Ukip, a dû admettre que son principal argument de campagne était une « erreur » . Non, le Royaume-Uni ne verse pas 350 millions de livres sterling chaque semaine à l’Union européenne !

La campagne britanniqu­e est symptomati­que de la révolution qui est en train de se produire dans les démocratie­s occidental­es. Sitôt les résultats

 ??  ?? En marche. François Fillon, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy à l’université d’été des Républicai­ns, à La Baule, en septembre 2015. La primaire de la droite et du centre des 20 et 27 novembre les départager­a.
En marche. François Fillon, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy à l’université d’été des Républicai­ns, à La Baule, en septembre 2015. La primaire de la droite et du centre des 20 et 27 novembre les départager­a.

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