Le Point

Jean-Frédéric Poisson

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« Trump est parti de très loin et cela m’ouvre évidemment des perspectiv­es nouvelles. Populiste est un mot inventé par ceux qui refusent les critiques. Trump est peut-être populiste, mais il est élu ! » a-t-il déclaré ce mercredi sur LCP. nous rend plus perméables aux croyances irrationne­lles. Sur ce « marché public de l’offre d’informatio­n, explique-t-il, n’importe qui peut faire une propositio­n. D’où une multiplica­tion du nombre de producteur­s et diffuseurs d’informatio­n et la création d’un labyrinthe mental où il est difficile de s’orienter. On se laisse alors guider par des croyances étayées par des biais cognitifs auxquels notre cerveau est enclin, à commencer par le biais d’une confirmati­on, qui incite à aller rechercher d’abord les informatio­ns qui vont dans notre sens » (2). Dans la démocratie des crédules, le « croyant militant » est jugé plus convaincan­t que le savant. Le « vraisembla­ble » prend le pas sur le « vrai » . Cette vulnérabil­ité aux croyances, contre laquelle un haut niveau d’études n’immunise pas, bien au contraire, comme le montre Bronner, s’étend à tous les domaines. On la constate dans la défiance grandissan­te à l’égard des vaccins, par exemple. Le crédule décrit par Bronner « prétend savoir » . Il se méfie des médias et des institutio­ns.

Transgress­ion payante. A tort ? Pas forcément, à en croire le sociologue Mathieu Bock-Côté, qui pointe du doigt la disqualifi­cation, dans les discours universita­ires et médiatique­s, des angoisses populaires. Quand le motif de l’inquiétude dérange, la pensée dominante y accole un mot péjoratif : « phobie » , xénophobie, islamophob­ie, etc. « Cette traduction du désarroi ou du désaccord a tendance à créer les conditions pour que celui ou celle qui arrive dans l’espace politique en décidant de légitimer ces préoccupat­ions dispose d’un capital, souligne l’auteur du “Multicultu­ralisme comme religion politique” (Cerf). C’est une espèce de transgress­ion payante. Elle donne le sentiment au commun des mortels que ces inquiétude­s qu’on l’oblige à refouler sont fondamenta­les. » Cela conduit les électeurs de Nicolas Sarkozy, par exemple, à applaudir bruyamment quand l’ex-président fait une promesse aussi cocasse que la fameuse « double ration de frites » pour « le petit qui ne prend pas de

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