Le Point

Patrick Buisson : « Le FN est la meilleure assurance-vie du système »

Pour l’ancien conseiller à l’Elysée, les deux grands partis se servent des primaires pour verrouille­r le processus électoral.

- PROPOS RECUEILLIS PAR LAURELINE DUPONT

Le Point : Quelle analyse faitesvous de l’élection de Donald Trump ? Patrick Buisson :

Pour la première fois, le modèle mondialisé des classes dominantes, dont Hillary Clinton était le parangon, a été rejeté dans le pays qui l’a vu naître. Fidèles à leurs habitudes, les élites dirigeante­s déprécient l’expression de la volonté populaire quand elles en perdent le contrôle. Ainsi, les médias, à travers le cas de la Pennsylvan­ie – l’un des swing states qui ont fait le succès de Trump –, ont mis l’accent sur le refus de mobilité de la working class blanche, l e s f a meux « pet i t s Bl a ncs » , comme cause principale de la précarité et du déclasseme­nt. Le « bougisme », qui est la maladie de Parkinson de la mondialisa­tion, confond les causes et les conséquenc­es. Il est incapable de comprendre que, selon la formule de Christophe­r Lasch, « le déracineme­nt déracine tout, sauf le besoin de racines ». L’élection de Trump, c’est le cri de révolte des enracinés du local contre les agités du global. Patrick Buisson Ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Dernier livre paru : « La cause du peuple » (Perrin, 464 p., 21,90 €).

En France aussi, on commence à utiliser

Au XIXe siècle, la bourgeoisi­e a eu recours à la loi pour imposer le suffrage censitaire. Aujourd’hui, les classes dominantes n’en éprouvent plus la nécessité, elles l’obtiennent de facto : il leur suffit de neutralise­r le vote populiste en l’excluant de toute représenta­tion par le mode de scrutin et de provoquer l’abstention massive de l’électorat populaire, qui, convaincu de l’inutilité du vote, se met volontaire­ment hors jeu. Ne vont voter lors des élections intermédia­ires que les inclus, des fonctionna­ires aux cadres supérieurs, et surtout les plus de 60 ans, qui, dans ce type de scrutin, représente­nt autour de 35 % des suffrages exprimés, alors qu’ils ne sont que 22 % de la population. Ainsi, l’écosystème de la génération de 68 s’est peu à peu transformé en un

« L’élection de Trump, c’est le cri de révolte des enracinés du local contre les agités du global. »

Newspapers in French

Newspapers from France