Le Point

« Le CAC 40 pourrait atteindre les 5 000 points en 2017 »

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Le Point : La victoire de Donald Trump est-elle inquiétant­e pour les marchés ? Alain Bokobza:

L’élection de Donald Trump comporte beaucoup d’éléments imprévisib­les quant à l’applicatio­n ou non des mesures annoncées par le candidat pour se faire élire. Certaines peuvent faire peur pour la plus grande économie mondiale, comme la mise en place de barrières douanières, un programme antiglobal­isation, ses propos populistes…. En parallèle, le nouveau président est dans une configurat­ion qu’on n’a pas vue depuis longtemps avec une Chambre des représenta­nts et un Sénat républicai­ns. Cette majorité lui donne les moyens de réformer, contrairem­ent à Barack Obama pendant sa seconde mandature. Enfin, il ne faut pas comparer l’élection de Donald Trump et le Brexit. Certes, tous les deux sont des votes qui ont été largement compris comme étant anti-élites, anti-immigratio­n, mais, alors que la gestion du Brexit s’avère économique­ment compliquée pour le Royaume-Uni, l’élection de Trump n’est pas nécessaire­ment une mauvaise nouvelle pour l’économie américaine. Le nouveau président a prévu de baisser les impôts des classes moyennes et d’augmenter les dépenses publiques, notamment dans les infrastruc­tures, ce qui relancera la croissance domestique.

La hausse des taux outre-Atlantique aura-t-elle vraiment lieu en décembre ?

La probabilit­é que la Fed augmente les taux en décembre a diminué compte tenu des incertitud­es. Mais la hausse ne serait que différée sur 2017. L’environnem­ent dans un contexte inflationn­iste tiré par la politique de relance sera moins favorable aux obligation­s d’Etat américaine­s

Dans ces conditions, renforcez-vous vos positions en actions américaine­s ?

En septembre, nous les avons augmentées. Nous nous sommes renforcés sur les valeurs de consommati­on cycliques (automobile, distributi­on), qui devraient profiter des baisses d’impôts annoncées. A l’inverse, nous restons à l’écart des valeurs non cycliques, comme l’agroalimen­taire, qui nous paraissent chères. Nous sommes positifs également sur le secteur de l’énergie. Nous anticipons une hausse de 10 % de l’indice S & P 500 courant 2017.

Quel impact sur l’Europe ? Voyez-vous la BCE mettre fin en 2017 à son programme de « quantitati­ve easing » ?

Si les marchés sont turbulents, la BCE pourrait Alain Bokobza Responsabl­e de l’allocation globale d’actifs à la Société générale. différer le sevrage. Mario Draghi a toujours dit que la BCE soutiendra­it les économies jusqu’en mars 2017. Nous pensons qu’elle ira au-delà, même si elle réduit progressiv­ement de 10 milliards d’euros par mois ses achats d’obligation­s. La BCE devrait continuer également à injecter des liquidités aux banques pour leur permettre de soutenir l’investisse­ment. Ce sevrage progressif est rendu possible parce que les pays européens ont spectacula­irement réduit les déficits publics depuis 2010. Autre signe encouragea­nt : les économies de la zone euro montrent, en dépit du trou d’air constaté au deuxième trimestre, des signes d’accélérati­on qui devraient être visibles aux troisième et quatrième trimestres, en particulie­r en Allemagne. La croissance devrait enfin être soutenue par un revirement des politiques budgétaire­s. De très restrictiv­es, elles pourraient devenir expansionn­istes.

Comment voyez-vous les marchés actions évoluer d’ici à la fin de l’année et en 2017 ?

2016 ne sera pas un grand cru. En revanche, 2017 pourrait être une année de récupérati­on du fait d’une conjonctur­e plus porteuse et des baisses d’impôts annoncées un peu partout. Les marchés européens sont en retard, ce qui devrait attirer les investisse­urs. Nous anticipons un CAC 40 à 4 750 points à la fin de l’année, et un point d’équilibre autour de 5 000 fin 2017 nous paraît envisageab­le.

Sur quels pays et secteurs investisse­z-vous ?

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